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Channel: Stéphane Saubole - Rédacteur
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Doc-inédit - Concert de Fred Wesley - Octobre 2013

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Merci Monsieur Wesley ! Merci Monsieur Wesley ! Merci de nous avoir accueilli avant le concert, humbles spectateurs venus vous bredouiller quelques mots, merci de votre attitude envers vos compagnons de jeu et, surtout, merci de cette offrande musicale sur la scène madrilène du Tempo Club...[...]

Danse - Bordeaux Madame - Carolyn Carlson / Interview - Octobre 2007

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Carolyn Carlson : « Je cherche toujours le miracle 

Inanna1


Carolyn Carlson, l’une des plus grandes personnalités internationales de la danse contemporaine, présentait en clôture du festival « Cadences d’Arcachon », mercredi 26 septembre, « Inanna », une chorégraphie pour sept interprètes créée en 2005. Danseuse de légende, chorégraphe étoile à l’Opéra de Paris dès 1974, et auteur de plus de 90 créations, cette grande dame, désormais directrice du Centre Chorégraphique National Roubaix Nord-Pas de Calais, partage ses sentiments avec enthousiasme.

 

Bordeaux Madame. La double évocation de Francesca Woodman, une icône féminine de la photographie et d’Inanna, une déesse sumérienne n’est pas fortuite.

 

Carolyn Carlson. J’avais découvert le travail de Francesca Woodman il y a très longtemps à New York. Cette artiste, qui s’est suicidée à 23 ans, a réalisé des photographies incroyables concernant les femmes. Les vêtements portés par les danseuses lors de la chorégraphie sont inspirés de ceux que l’on voit sur ses clichés. Elle souffrait beaucoup, alors que personne ne la comprenait, exprimant sa féminité avec une part d’instinct et une passion des femmes.

Son œuvre, composée de nombreux autoportraits, est parfois dure mais se révèle un hommage à la souffrance des femmes. C’est une très grande. Tragique. Inanna, qui était une déesse multiformes est, pour moi, également une femme actuelle, représentant simultanément la force et la douleur. Chaque individu, chaque femme, possède mille visages. Je travaille sur le thème de la femme qui souffre… la femme au présent.

 

BM. Pourquoi le choix du compositeur Armand Amar pour la musique de cette création ?CarolynCarlson

 

Carolyn Carlson. J e connaissais Armand Amar, qui est un chercheur très attentif aux passions de l’être humain. C’est pourquoi, j’ai pensé qu’il était la personne idéale pour cette composition originale.

 

BM. Qu’attendiez-vous des danseuses que vous avez dirigées dans le cadre de « Inanna » ? Leur avez-vous octroyé une part de liberté?

 

Carolyn Carlson. Oui, nous avons travaillé durant deux mois sous la forme d’une improvisation organisée. C’est toujours une grande recherche. J’exprime des idées dont les danseuses s’inspirent pour créer. Par exemple, je donne l’image d’une femme qui ne respire pas. Chaque interprète doit m’exprimer son impression, son ressenti de la souffrance de la respiration. J’écris aussi ce que j’aime, ce que je peux découvrir. Une danseuse qui réalisait des sauts magnifiques m’a inspiré pour créer un solo. Je demande à chaque femme ce qu’est une femme…Vous me posez de nombreuses questions, vous écrivez…Vous savez : Mick Jagger dit « What you see is what you get » Je peux répondre à vos interrogations, mais vous devez voir le spectacle. Chacun est différent et la perception est primordiale.

 

BM. Recherchez-vous toujours le geste unique comme Miles Davis était en quête d’« une note » ?

 

Carolyn Carlson. Toujours , je revendiquerai cette image. On peut lever mille fois un bras dans l’espace mais on peut également réaliser ce geste pour la première fois. Etre unique. Je cherche toujours le miracle même de lever un bras.

 

Propos recueillis par Stéphane Saubole

Photographies de Christian Visticot

Photographie - François Ducasse - Tendances Graphiques - Juin 2012

Musique - Inédit - Blue Moon- Novembre 2012

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Nuit bleue dans le métro de Madrid…

 

Entendre Blue Moon, interprété par un musicien moldave dans un métro madrilène, réchauffera toujours l’âme et le cœur d’un sectateur de Lady Day…

 

Dans tous les métros du monde, il y a des femmes et des hommes qui chantent et jouent de la musique… et parfois très bien ! Madrid ne faisant exception, on y entend, au gré de déplacements entre les rames, des chants populaires espagnols ou d’Amérique Latine, des guitaristes de hard-rock ou de blues, un violoniste interprétant Massenet (Les méditations de Thais) et... Blue Moon, l’un des plus beaux fleurons du principal art nord-américain. Ecrite en 1934 par Richard Rodgers et Lorenz Hart, cette chanson a inspiré des interprètes aussi différents que Nat King Cole, Bob Dylan, Ella Fitzgerald, Elvis Presley, Franck Sinatra, Chris Isaak… ou Liam Gallagher (hymne de Manchester City oblige). Comme nombre de standards de ce qu’on a appelé le Jazz – un mot que Miles Davis détestait et n’employait jamais - Blue Moon fut l’œuvre de compositeurs de comédies musicales hollywoodiennes et de spectacles de Broadway. Il est vrai qu’entre les années 1920 et 1940, les auteurs du « Tin Pan Alley » ont façonné un répertoire devenu universel. Citons, sans être exhaustifs : Hoagy Carmichael (Georgia on my mind), Jerome Kern (Ol' Man River, Lady Be Good), Johnny Mercer (Goody Goody,That Old Black Magic), Cole Porter, les frères Gershwin… Le duo Rodgers & Hart a commis plus de 500 titres, dont My Funny Valentine, The Lady is a Tramp, Bewitched, Bothered and Bewildered… Après le décès de Hart, Rodgers fit équipe avec Hammerstein pour léguer à la postérité Kansas City, You'll Never Walk Alone ou My Favorite Things ! Rien d’incongru donc à ce que, dans la capitale espagnole, un chanteur-trompettiste moldave offre - après de brillantes prestations bop ou sud-américaines - une version très personnelle de Blue Moon ! Quelques mots échangés en français avec ce cinquantenaire amène nous apprirent qu’il séjourna quelques années à Paris, y jouant… Autumn Leaves

 

Musique d'un  trompettiste-chanteur "moldavo-madrilène"

 

Lady Day pour l’éternité

 

Blue Moon évoque inévitablement la version de Billie Holiday, gravée pour l’éternité en 1952. Lady Day était entourée ce jour là d’un légendaire trio « d’accompagnateurs » (Oscar Peterson, Barney Kessel et Ray Brown !) et de « soutiers célestes » de la Great Black Music. Très injustement oubliés, le trompettiste Charlie Shavers avait successivement fréquenté les ensembles de Benny Goodman, du Metronome All-Stars ou du Jazz at the Philharmonic (côtoyant Gillespie, Eldridge, Bechet…) et le saxophone ténor Flip Phillips, avait notamment exercé « chez » Woody Herman ou au JATP… Quant au batteur Alvin Stoller, il a tenu sa place derrière les fûts pour Art Tatum, Oscar Peterson, Coleman Hawkins, Herb Ellis, Erroll Garner ou Duke Ellington !  

 

 

Blue Moon, interprété par Billie Holiday (Vidéo YouTube) 

Victime de toutes les exclusions, enfant de toutes les misères, celle qui fut la première à dénoncer, en un chant tragique, le lynchage des Noirs aux Etats-Unis (Strange Fruit) a bien plus souvent interprété des ballades que des blues stricto sensu. Au-delà de prouver que Lady Day savait aussi swinguer, l’écouter convaincra de l’artificialité des chapelles musicales et artistiques…

 

Texte de Stéphane Saubole


  Blue Moon

 

You saw me standing alone
Without a dream in my heart
Without a love of my own


Blue Moon
You know just what I was there for
You heard me saying a prayer for
Someone I really could care for

And then there suddenly appeared before me
The only one my arms will hold
I heard somebody whisper please adore me
And when I looked to the Moon it turned to gold

Blue Moon
Now I'm no longer alone
Without a dream in my heart
Without a love of my own

And then there suddenly appeared before me
The only one my arms will ever hold
I heard somebody whisper please adore me
And when I looked the Moon had turned to gold

Blue moon
Now I'm no longer alone
Without a dream in my heart
Without a love of my own

Blue moon
Now I'm no longer alone
Without a dream in my heart
Without a love of my own

 

Arts - Tastet et Mergen - Tendances Graphiques - Avril 2012

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Jeudi 26 avril 2012

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Couverture de l'ouvrage "Altiplanantico, Paysages boliviens"

Quand deux jeunes peintres décident d’illustrer l’une de leurs aventures au bout du monde et de la présenter en un ouvrage, il n’en résulte pas inévitablement le sempiternel « carnet de voyage » !

PierreMergen1.jpg
Aquarelle de Pierre Mergen, présentée dans le chapitre Lac Titikaka

« Point de dessins laissant paraître les repentirs ni de pseudo fac-similé d’annotations manuscrites, pas de textes vaguement introspectifs ou de spiritualité à bon marché… » se réjouiront d’aucuns !

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Gouache de Pierre Mergen, présentée dans le chapitre Lac Titikaka

Car comme l’exprime le maître de pantomime Philippe Bizot, dans sa préface de Altiplanantico Paysages boliviens : « ce qui me touche le plus dans cette histoire c’est leur rigueur, tous les jours, ils allaient travailler, peindre, chercher, c’est ce que rend admirablement ce livre. Ce n’est pas un carnet de voyage, c’est la marque d’un vrai travail.».

PierreMergend3.jpg
Gouache et craie de Pierre Mergen, présentée dans le chapitre Lac Titikaka

L’opus publié par les Editions Q’Elkana réunit donc des œuvres picturales (fusains, aquarelles, gouaches, pastels, encres, crayons et craie…) réalisées par les artistes Pierre Mergen et Charlie Tastet, lors d’une escapade de trois mois en Bolivie.

CharlieTastet_1.jpg
Gouache et crayons de couleur de Charlie Tastet, présentée dans le chapitre Lac Titikaka

Ces deux frères d’âme moins que trentenaires présentent, l’un après l’autre, des « interprétations » de leurs séjours dans trois lieux distincts de ce pays d’Amérique latine.

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Gouache, charbon et craie de Charlie Tastet, présentée dans le chapitre Lac Titikaka

Et incontestablement, les rives du lac Titikaka, le salar de Uyuni – un désert de sel de 12 500 km2 situé à 3 700 m d’altitude ! – et la région subtropicale des Yungas transcendèrent leurs talents déjà bien affirmés et leurs sensibilités à fleur de chair.

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Gouache, charbon et craie de Charlie Tastet, présentée dans le chapitre Yungas

Et si le titre de l’ouvrage s’avère inspiré du mot espagnol altiplano – plaine d’altitude – son contenu nous jette à cœurs perdus dans la pente des hautes natures.

Stéphane Saubole 

 

http://www.tendancesgraphiques.fr/article-altiplanantico-paysages-boliviens-deux-artistes-en-haute-altitude-104041707.html

Arts - Exposition Centre Pompidou/Madrid - Inédit - Octobre 2012

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Un chapardage au Dubuffet !

L’exposition Retratos, Obras maestras, orchestrée par la fondation MAPFRE et le Centre Pompidou, est accessible au public, du 26 septembre 2012 au 6 janvier 2013, dans la capitale espagnole.

 

PompidouMapfreMadrid

 

 

En sus des visites inévitables, au sens littéral du terme, des musées du Prado et de la Reine Sophie, les opportunités d’assister à des événements artistiques se révèlent fréquentes à Madrid, tant leur efflorescence est profuse. Les multiples lieux dédiés aux cultures autorisent à une belle provende d’émotions. La Fondation MAPFRE, émanant du groupe d’assurance éponyme, invite le public (l’entrée est gratuite ) à des expositions temporaires de haute tenue,

MapfreMadriddans un édifice situé sur le Paseo de Recoletos, une large avenue qui précède le Paseo del Prado, dans les  quartiers chics du centre  de Madrid. Jusqu’au mois  de janvier 2013, une sélection de pièces maîtresses du Centre Pompidou sont présentées, sur la thématique - agréablement peu conceptuelle ! - du portrait. Au vrai, la succession de chefs-d’œuvre, mis en valeur par une scénographie sobre mais diablement efficace, laisse pantois ! « Que reste-t-il à Beaubourg actuellement ? » ironiseront certains mal-pensants, tant ce « concentré » du fonds parisien offre une galerie idéale. On y retrouvera avec bonheur nombre de « visages familiers », déformés dans notre esprit par l’oubli ou la reproduction…

 

Bacon, Matisse, Brancusi, Giacometti, Modigliani, Soutine...

 

 

L’une des rares sculptures, La muse endormie de Brancusi, y voisine avec l’une des odalisques de Matisse, une toile de Modigliani converse avec celle de Giacometti, l’un des grooms de Soutine se tient tout près des « Femmes » de Picasso, un autoportrait de Bacon (1971, l’une des peintures du XXe siècle ? ) surveille les tableaux de Chagall ou de Dufy…

Et de citer dans le (plus grand) désordre: Giorgio de Chirico, René Magritte, Fernand Léger, Robert Delaunay, Marie Laurencin, Gino Severini, August Macke, Tamara de Lempicka, Antonio Saura, Maurice de Vlaminck, Albert Marquet, Juan Gris, Valentine Hugo, François Kupka, Juan Miro, André Derain, Kees Van Dongen, Max Ernest, André Masson, Zoran Music.. Le remarquable site internet, exclusivement consacré à Retratos, Obras maestras, vaut donc le détour virtuel et permet également de contempler les créations de nos « contemporains » : Georg Baselitz, Bernard Rancillac, Samuel Fosso, John Currin, Avigdor Arikha, Chuck Close…

 

Afin d’illustrer ces quelques lignes, leur auteur n’a pu chaparder qu’une image, entre deux mises en garde de cerbères enjuponnés, lors de ses tentatives d’extraire subrepticement un  appareil compact des poches de son pantalon. A la sortie d’une des salles, l’un des gardiens de Dubuffet s’est montré moins vigilant… 

 

DubuffetMapfreMadrid
L'un des "gardiens" de Jean Dubuffet

Texte et photographies de Stéphane Saubole

 

 

Le site de la Fondation MAFPRE

 

http://www.mapfre.com/fundacion/es/exposiciones/cultura/Exposiciones_Actuales.shtml

 

Le site dédiée à l’exposition Retratos, Obras maestras, Centre Pompidou

 

http://www.exposicionesmapfrearte.com/retratos/

Les invités - Ghislaine Sathoud - Inédit - Novembre 2012

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« Qui dit premier contact, dit aussi présentation »


GhislaineNellyHuguetteSathoud

 

C’est pour moi un grand plaisir et un grand honneur de pouvoir communiquer avec les lectrices et les lecteurs qui visitent cet espace. J’ai accepté avec empressement l’invitation qui m’a été faite de pouvoir m’exprimer sur cette plate-forme.


Pour commencer, je voudrais remercier Stéphane Saubole, l’auteur de ce blog. Je tiens à lui témoigner ma profonde reconnaissance pour cette opportunité qu’il m’offre.


À vrai dire, je considère cette « ouverture » comme un privilège. Dans le même ordre d’idées, j’adresse mes félicitations à notre bloggeur pour la richesse et la qualité de ses travaux. Franchement, j’ai été très impressionnée par la variété, la grande diversité des thèmes abordés ici. En fait, de mon point de vue, ma « rencontre » avec vous est, en quelque sorte, une prise de contact. En voyant les choses sous cet angle, une idée me vient à l’esprit : qui dit premier contact, dit aussi présentation. C’est la raison pour laquelle je veux respecter ce principe …


« Les droits humains et la cause des femmes »


Je m’appelle Ghislaine Sathoud. Je suis née à Pointe-Noire, au Congo-Brazzaville, un pays situé en Afrique centrale. Ma passion pour les arts et la culture, qui est apparue depuis ma plus tendre enfance, continue, encore aujourdhui, doccuper mon esprit et mon temps. Pendant mon adolescence, outre le fait que je pratiquais du théâtre, je commençais déjà à m’initier à l’écriture. C’est ainsi que j’ai, sur les bancs du lycée, publié un recueil de poésie intitulé « Poèmes de ma jeunesse ».


J’étais   et je le suis encore d’ailleurs  très casanière. Un trait de ma personnalité qui  renforce ma volonté de madonner à l’écriture. J’ai à mon actif plusieurs publications dans des genres littéraires variés. Mes sujets de prédilection sont les droits humains et la cause des femmes. Concernant la seconde thématique, lorsque j’examine de fond en comble le vécu de la population féminine, je m’abreuve à cette source d’inspiration intarissable. Autrement dit, je m’intéresse à la vie de mes congénères. Qu’il s’agisse de la sphère privée ou de la sphère publique, toutes les  « spécificités féminines »  retiennent mon attention. Et bien évidemment, je suis attentive au monde qui m’entoure…


GhislaineNellyHuguetteSathoudouvrage

 

Pour la petite histoire, j’avais passé quelques années en France à une certaine époque. Je suis arrivée au Canada, mon pays d’adoption, en 1996, à l’âge de vingt six ans : depuis ce temps-là, beaucoup d’eau a coulé sous les ponts... Consciemment ou inconsciemment, l’immigration, vue sous l’angle du genre, occupe une place significative dans mes écrits. Par exemple, en l’an 2000, j’ai participé à la Marche mondiale des femmes avec une pièce de théâtre intitulée « Les maux du silence »,  une œuvre dans laquelle je retrace le cheminement des femmes immigrantes, leurs luttes et les défis auxquels elles sont confrontées. Je suis très impliquée dans la lutte contre la violence à l’égard des femmes. Depuis plusieurs années, je suis porte-parole de l’organisme YWCA Canada dans le cadre d’un programme sur la thématique de la violence. Pour élargir mes activités, j’ai créé une structure dénommée Fondation internationale résonances plurielles.


 

GhislaineNellyHuguetteSathoudouvrage2


En définitive, comme mentionné précédemment, à travers ce « face à face », nous faisons plus ample connaissance. Et bien voilà, c’est fait. Maintenant que la glace est brisée, j’espère de tout cœur que cette première rencontre ne sera pas la dernière.

 

En tout cas, en ce qui me concerne, je ne peux que vous remercier de m’avoir accueillie. Quel plaisir d’être parmi vous !  Gardons le contact…


Ghislaine Sathoud

Militante des droits humains et écrivaine


Pour en savoir davantage : www.fresonancesplurielles.com

Les invités - Pierre Jacquemin - Inédit - Janvier 2013

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« 2013... L'année Cavafy ! »

 

PortraitPierreJacquemin

      Pierre Jacquemin, aux environs du Caire 

 

2013…. En effet, c’est l’année Cavafy ! Constantin Cavafy, le grand poète alexandrin de langue grecque, né en 1863 et mort en 1933.

 

On va fêter cet anniversaire, les cent-cinquante ans de sa naissance… Les commémorations… Où ? C’est inévitable… en Grèce, partout en Grèce, j’imagine, c’est le grand poète national ! En Egypte ! Evidemment, à Alexandrie surtout, la ville qu’il ne quitta pratiquement jamais.

 

Des articles vont paraître en Angleterre, terre où il vécut une partie de son enfance. E. M. Foster qui le rencontra lors de la guerre de 1914, à Alexandrie, le fit connaître et lui consacra un très intéressant chapitre dans son « Pharos et Pharillon ». On en parlera sûrement aussi à Istanbul, ville qui connut son adolescence, parents phanariotes, mère fille d’un riche diamantaire.

 

Ce fut Marguerite Yourcenar qui le fit connaître en France et elle traduisit tous ses poèmes… mais… qui vraiment connaît Cavafy en France ? Bien que de nombreux traducteurs se soient essayés à la traduction de ses poèmes, souvent brillamment, le très grand poète, qui n’acquit la nationalité grecque qu’à l’âge adulte - il était né sujet britannique, dans cette Egypte qu’il ne quitta pratiquement jamais - le très grand poète demeure trop peu connu. En France.


C’est pour cela, tout d’abord, que je voudrais remercier Stéphane Saubole et profiter de ce blog passionnant qu’il dirige afin de permettre à ses lecteurs de, peut-être, découvrir, si ce n’est déjà fait pour certains, je l’espère, l’étrange profondeur et la « froideur sensuelle » (osons cette expression) de cette œuvre tout à fait inclassable ! Je me demande quels seront les médias qui évoqueront cet anniversaire important dans l’Hexagone.


J’ai écrit deux essais (1), publiés aux Editions Riveneuve, Paris, et c’est au travers de mes deux ouvrages que je vais essayer de rendre un bref hommage à Constantin Cavafy et aux 154 poèmes… les seuls qu’il accepta de reconnaître.

Cavafy PierreJacquemin

 

 « La biographie de Constantin Cavafy tient en quelques lignes. » nous dit Marguerite Yourcenar (2). En même temps, cet homme peu banal troublait l’esprit de ceux qui le rencontrèrent ou le côtoyaient. De temps en temps, des chercheurs passionnés révèleront quelque nouveau détail biographique, la plupart du temps très simple et très émouvant et qui va marquer de son empreinte un nouveau pas dans la recherche de ce qu’il fut peut-être, ou de ce qu’il ne fut pas. D’étonnantes légendes vont circuler à son sujet. Des bribes de conversations récoltées, par chance, présenteront tel élément qui va surprendre ou souvent décevoir dans cette trop grande sobriété qu’on n’attend pas d’un tel personnage.

 

CavafyPierreJacquemin2


Personnellement, j’aime beaucoup cette remarque de E. M. Foster, l’auteur de la Route des Indes : « Un tel écrivain ne pourra jamais être populaire. Il vole à la fois trop lentement et trop haut (3). » C’est une excellent définition que chacun peut comprendre à sa façon. Né riche, riche comme de nombreux Grecs d’Alexandrie à cette époque (la culture du coton, entre autres, suite à l’effondrement des cours en Amérique, lors de la guerre de Sécession), il connut plus tard une certaine pauvreté et dut travailler toute sa vie.


Cavafy1900 jeune homme - Copie

Constantin Cavafy, jeune homme

 

Il menait une double vie, une vie plaisante et reconnue, au grand jour, plutôt mondaine, mais une autre vie, en marge, dans l’obscurité cette fois, dans les coulisses des bars glauques, des rues discrètes et sombres des quartiers différemment fréquentés d’Alexandrie. C’est l’atmosphère confuse de ces lieux qui vont nourrir la grandeur de ses poèmes. Homosexuel discret, nul ne sait grand-chose sur sa vie affective. Il faut dire que l’époque et le milieu social auquel il appartenait ne se prêtaient pas vraiment non plus à ce type de fréquentations. Il semble qu’il n’ait pas connu de relation amoureuse durable. Peu importe, les textes sont là. Des chef-d’œuvres !


Ils sont explicites, une réelle sensualité, parfois brûlante, circule comme un ruisseau souterrain dans presque toute son œuvre. Un érotisme latent et vibrant court dans certains textes où il affleure, tandis que, dans un grand nombre, il jaillit avec chaleur et puissance. Lorsque l’on vient de lire ou d’entendre un poème de Constantin Cavafy, il continue à vibrer en nous durant quelques instants, « Comme une musique, qui, au loin, dans la nuit, s’éteint… ». J’ai dit dans l’un de mes livres qu’on ne sort pas indemne de la découverte d’un texte du vieux poète. Le silence qui suit la lecture est lourdement chargé, on reste en arrêt, on est pris malgré tout et la vision perdure : il faut sortir du poème…

 

Voici quelques textes de Cavafy que j’ai donc traduits dans les essais et que je propose aux lecteurs du blog…

 

Cavafy âgé

Le poète, à un âge plus avancé


Cavafy est hanté par la mort et la vieillesse, c’est la poésie d’un vieillard qui vit dans le regret constant d’une jeunesse enfuie, obsédé par la certitude d’une vie gâchée :

 

 

UN VIEUX

 

Dans la confusion bourdonnante du café, en retrait,

Penché sur la table, un vieux est assis.

Un journal devant lui. Sans compagnie.

 

Dans sa pitoyable vieillesse rabaissée,

Il réalise qu’il a si peu profité des années

Où il avait encore force, beauté, et conversation.

 

Il sait bien qu’il a beaucoup vieilli ; il le sent, il le constate.

Cependant, il lui semble que c’était hier,

L’époque de sa jeunesse … Si courte est la distance, si courte ...

Et il songe à ce bon sens qui s’est bien joué de lui,

A quel point il s’y fiait – quelle folie ! –

Ce menteur qui, toujours, lui soufflait : « Demain … Tu as bien le temps ».

 

Il se souvient des élans contenus, de ces multiples

Joies sacrifiées. Chaque occasion perdue, maintenant,

Se moque de sa stupide retenue.

 

… Le vieux a la tête qui lui tourne : trop de pensées,

Trop de souvenirs. Alors, il s’est endormi,

Appuyé sur la table du café.

 

 

Toute son œuvre est hantée par la recherche désespérée de ces sensations perdues, parfois imaginées.

 


BIEN LOIN

 

J’aimerais bien exprimer ce souvenir …

Mais voilà qu’il s’est effacé … c’est comme si plus rien n’en restait –

Car, bien loin, il demeure, dans mes jeunes années.

 

Une peau … on aurait dit du jasmin !

Cette soirée, le mois d’Août – était-ce en Août ? – cette  soirée …

Je me souviens à peine des yeux ; ils étaient, me semble-t-il, bleus foncés …

Ah, oui, bleus foncés, d’un bleu de saphir.

 

 

L’homme est soumis au Destin contre lequel il ne peut rien et les plus beaux moments ne sont qu’éphémères et jamais ne durent.

 


AVANT QUE LE TEMPS NE LES AIT CHANGÉS

 

Ils souffrirent beaucoup      de leur séparation.

C’est qu’ils ne l’avaient pas souhaitée ;      c’étaient les circonstances.

Un cas de force majeure      avait contraint l’un d’eux       

A partir très loin – à New York ou bien au Canada.

Pour sûr, leur amour      n’était plus celui qu’ils avaient connu.

Sa raison d’être      s’était progressivement atténuée,

Sa raison d’être      s’était effectivement atténuée.

Quant à leur séparation,      ils ne l’avaient pas voulue.

C’étaient les circonstances.      Et peut-être bien que le Destin,

Soudain artiste,      les avait séparés à ce moment-là,

Avant que ne s’éteignît leur amour,      avant que le Temps ne les ait changés ;

Ainsi, l’un pour l’autre,      ils pourront rester

Le beau jeune homme       de vingt-quatre ans, pour toujours …

 

 

Des poèmes sensuels où l’érotisme côtoie l’art et l’écriture, qui, seule, permet de garder les sensations perdues et de les sublimer :

 

 

CONTINUATION

 

Il devait être une heure du matin.

Peut-être une heure et demie …

 

                           Dans la taverne, à l’écart.

Derrière la cloison de bois.

A part nous deux, le lieu était désert

Et une lampe à pétrole l’éclairait à peine.

A l’entrée, manquant de sommeil, le domestique dormait.

 

Personne ne pouvait nous voir. Mais déjà,

Une telle excitation brûlait en nous,

Que tout précaution était devenue superflue.

 

Nos vêtements s’entrouvrirent – nous en portions de légers

Par ce  mois de juillet qui brûlait, divin …

 

Les vêtements qui s’écartent … jouissance de la chair.

Chair, à la hâte, mise à nu – et voilà que cette image

A traversé vingt-six années et que maintenant,

Dans ce poème, elle perdure …

 

 

Cette recherche du passé amoureux devient alors un art de vivre, un travail sur soi, une recherche méditative, un véritable but. L’isolement est poignant, douloureux, l’expression en est sublime et toujours … toujours le Destin :

 


PENDANT LA SOIREE

 

De toute manière, cela n’aurait pas pu continuer. L’expérience

Du passé me le montre bien. Ceci dit, c’est un peu précipitamment

Que le Destin est venu tout arrêter.

Et courte fut la belle vie.

Mais qu’étourdissants étaient les parfums,

Que merveilleux étaient les lits où nous nous sommes couchés,

Et à quelle volupté nos corps se sont-ils offerts …

 

La résonance de ces jours de volupté,

La résonance de ces jours, tout près de moi,

M’a rappelé quelque chose de notre jeunesse en feu ;

Voila que, dans mes mains, une lettre, j’ai repris,

Une lettre que j’ai lue, que j’ai relue jusqu’à l’extinction de la lumière.

 

Je suis sorti ensuite sur le balcon, perdu dans une triste rêverie –

Je suis sorti pour me distraire de mes pensées en regardant au moins

Un peu de cette ville qui m’est si chère,

Un peu du va-et-vient dans les rues et les magasins.

 

 

Une véritable technique de recréation de la jeunesse est élaborée, rappelant des pratiques théosophiques très à la mode à l’époque.

 

 

POUR QU’ELLES VIENNENT

 

 

Une bougie suffit.     Sa fragile clarté

Est plus adaptée,     sera plus accueillante

Quand viendront les Ombres,     quand viendront les Ombres de l’amour ...

 

Une bougie suffit.     Que la chambre ce soir

Ne soit que faiblement éclairée.     Tout abandonné à la rêverie

Et à la suggestion     et dans ce peu de lumière –

Dans ce songe,     j’aurai alors la vision

Que viennent de l’amour,     que viennent de l’amour, les Ombres …

 

  

Seule, la poésie devient le remède à cette détresse, seule, elle permet de mettre en lumière le passé disparu dans l’obscurité de l’oubli. La poésie devient une raison de vivre.

.

 

LE POINT DE DEPART

 

Ils l’ont accompli, ce plaisir

Interdit. Laissant le matelas, ils se sont levés.

En grande hâte, sans un mot, ils se rhabillent.

Séparément, ils sortent, en se cachant, et tandis

Qu’ils s’éloignent, assez inquiets, on dirait

Qu’ils redoutent qu’un je ne sais quoi ne dénonce

A quelle espèce de lits ils se sont laissés allés tantôt.

 

Néanmoins, la vie de l’artiste y a beaucoup gagné !

Demain, après-demain ou par-delà les années, seront composés

Des vers pleins de force dont le point de départ fut ici.

 

 

C’est là toute l’éternité que veut s’approprier le poète dans notre pauvre monde où rien ne subsiste longtemps. C’est alors que le rêve, la rêverie consciente, l’imaginaire exacerbé, vont réparer toutes les souffrances existentielles du vieil homme en redonnant une forme d’éternité aux moments enfuis et précieux. Eternité de son œuvre constamment redécouverte… L’Art, l’écriture, les vers si souvent remaniés fixeront à jamais dans la pérennité du Temps une œuvre incontournable et unique.

 

 

Pierre Jacquemin

 


1. Pierre Jacquemin, Constantin P. Cavafy. De l’Obscurité à la Lumière ou l’Art de l’Evocation. Riveneuve Editions, 2009.

 

   Pierre Jacquemin, Constantin Cavafy. Éros, Thanatos, Hypnos. Poèmes érotiques, Riveneuve Editions, 2011

 

2. Yourcenar Marguerite et Dimaras Constantin, Présentation Critique de Constantin Cavafy – Gallimard, Paris, 1958, p.8.

 

3.   Forster E.M., Pharos et Pharillon, Quai Voltaire, Paris, 1991, p.139.


 


Haute Couture - Exposition de Jean-Paul Gaultier à Madrid - Novembre 2012

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Jean-Paul Gaultier, de la rue aux étoiles !

 


1ProgrammexpositionGaultier

 

 

Une exposition exclusivement consacrée à Jean-Paul Gaultier est accessible au public madrilène, à la Fondation MAPFRE, depuis le 6 octobre 2012 jusqu’au 6 janvier 2013. Intitulée Universo de la moda : De la calle a las estrellas, cette « rétrospective » présente plus de 120 créations du couturier français. 


 

3LesviergesGaultier


Apercevoir le visage de Jean-Paul Gaultier, immortalisé par Pierre et Gilles, dans les principales artères de Madrid ne manquera pas de surprendre un promeneur français, plus habitué à l’apercevoir à l’écran de2GaultierMapfre sa télévision. Si « l’Homme à la marinière » s’y fait plus rare qu’à l’époque (1993) où il co-animait Rapido  (Eurotrash en VO) avec Antoine de Caunes, il suscite toujours auprès du public une sympathie admirative et presque familière ; celle qu’on vouerait à un grand frère ou à un jeune oncle à la fois célèbre et rigolard…

Le styliste a réussi le tour de force d’acquérir, au fil des ans, un immense notoriété, tout en conservant  des admirateurs dans les milieux les plus « branchés ». Aujourd’hui, à 60 ans, le mutin s’est affirmé comme un  créateur  honoré par ses pairs ainsi qu’un homme d’affaires avisé. En 2011, le magazine Challenges classa le fondateur de la société Jean Paul Gaultier SA au 500ème rang des personnalités les plus riches du pays. Cette bonne fortune doit beaucoup à une fructueuse inspiration : le lancement d’une ligne de parfums dont la commercialisation représenterait près de 80 % du chiffre d'affaires de l'entreprise. De plus, Jean-Paul Gaultier a été, de 2004 à 2010, un brillant directeur de création pour la collection de prêt-à-porter d'Hermès. Dans un autre registre, il fut, en 2012, jury au festival de Cannes. On connaît activités parallèles moins prestigieuses !

 

Un communiquant plutôt taisant…

Bien au-delà de ces considérations commerciales et de ces signes de reconnaissance, JPG a toujours su cultiver une fertile créativité. On n’est pas prêt de border dans un lit de Procuste celui qui a récemment présenté à Paris une collection printemps-été 2013 dédiée aux icônes des eigthies. En cette circonstance, il déclara à l’hebdomadaire L’Express : « Madonna, c'était l'après féminisme où on jetait les soutien-gorges. Elle disait oui je m'habille d'une manière sexy mais c'est moi qui décide de le faire. Boy George avec son look à l'ambiguïté totale, c'était aussi une revendication. » Relevons que c’est l’une des rares « confessions » quant aux motivations profondes et à la quête d’un homme qui leurs a, le plus souvent, substituées des pirouettes, fussent-elles habiles. Ce grand communicant a su composer un personnage avenant et volubile, délivrant un discours bien rodé ; la petite histoire d’un jeune banlieusard d’Arcueil, inspirée par une grand-mère aimante, « habillant » dès l’enfance son ours en peluche, puis subjugué à l’adolescence par le film de Jacques Becker Falbalas… blablabla, la jolie fable… A ce sujet, le site exclusivement consacré à l’événement madrilène lève un coin du voile…

 

L’engouement des madrilènes

 

7.RobeGaultier

 

C’est  donc à l’étiage de l’estime qu’inspire Jean-Paul Gaultier, même chez ceux rétifs à la haute couture, que la perspective de découvrir « son » exposition a pu susciter quelques inquiétudes ; les excursions des grands stylistes dans les lieux d’art ne se sont pas  toujours révélées d’extraordinaires réussites. Intitulée Universo de la moda : De la calle a las estrellas, l’exposition madrilène a été originellement créée et inaugurée au Quebec, du 17 juin au 2 octobre 2011. Le Musée des Beaux-Arts de Montréal eut la primeur de cette « rétrospective », honorant  les 35 années de carrière de l’un des Frenchies les plus connus au monde. Nous ignorons dans quelle mesure la « version » espagnole en diffère, mais son succès s’exprime en un magnifique engouement populaire. En attestent de longues files d’attente aux portes de la fondation MAPFRE et la réjouissante diversité des personnes qui les composent. Des couples les plus « straights » aux modeux les plus « in », des étudiantes griffonnant fiévreusement sur leur bloc-notes aux dames d’un âge certain venues entre copines admirer en connaisseuses le travail des petites mains sur les corsets, des Madrilènes de tous âges ont répondu à l’invitation du couturier français.

 

Une scénographie euphorisante


4LesviergesGaultier

 

C’est avec une belle prodigalité que Jean-Paul Gaultier nous convie à une promenade euphorisante au cœur de ses univers. Déjà, il a eu le (très) bon goût de ne pas nous infliger une succession de croquis et de photographies d’ateliers… Nous n’avons jamais douté que les grands créateurs de mode eussent une « main » mais nous aurions su si leurs esquisses égalassent celles de plus grands maîtres… Rencontré incidemment, Thierry-Maxime Loriot, le commissaire de l’exposition, nous confirma la volonté « de montrer aux visiteurs les modèles des collections, sans vitrines, sans obstacles ».


8ParisiennesGaultier

 

L’intention s’avère d’autant plus louable que la scénographie se révèle fantastiquement accomplie. Ludique sans être anecdotique, parfois hilarante, la mise  en scène de mannequins aux faux airs11PunkGaultier d’hologrammes, la perfection des éclairages et la justesse des agencements émerveillent. Au total, plus de 120 « tenues » tohu-bohutent dans des salles distinctes, comme autant de tableaux d’une revue.

Baptisés L’Odyssée de Jean-Paul Gaultier, Le boudoir, A fleur de peau, Punk Cancan, Jungle urbaine, Metropoli… ces espaces mêlent des créations de prêt-à-porter ou de haute couture ponctuant plus de trois décennies.

 Des pièces issues de plus de 60 collections ( !!!) y sont orchestrées, avec une certaine prédilection pour les années 2000 : Les Indes galantes (2000), Paris et ses égéries (2000-2001), La Parigote (2002), Les Hussardes (2002-2003), Les Vierges (2007), La Calligraphie (2009), Les Actrices (2009-2010), Les parisiennes (2010-2011)…

 A ce titre, on ne résistera pas au plaisir de citer les noms savoureux de certains  défilés : Et Dieu créa l’Homme (1985), Le concierge est dans l’escalier (1988), Pin-Up Boys (1996), Flower Power et Skinheads (1997-1998) ( !!!), Divine Jacqueline (1999), Belles des champs (2006)…

 

La bande-image des 30 dernières années

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Les archétypes de la mode planétaire signés Gaultier – « ses radotages » comme il le dit lui-même – sont bien évidemment à l’honneur avec la présentation de marinières, de corsets, de jupes pour hommes, de bustiers aux seins coniques… 14AlmodovarAbrilGaultierMais leur présence ne saurait occulter les rinceaux d’une exubérante créativité, qui sophistique le sujet à son plus haut point.

Quelques œuvres photographiques – signées d’auteurs emblématiques tels qu’Andy Wharol, Robert Doisneau, Cindy Sherman, Jean-Baptiste Mondino, Pierre et Gilles…- nous rappellent avec force, à quel degré l’esthétique de Jean-Paul Gaultier a influencé notre imagerie depuis les années 80. Une histoire qui « tient à la fois  de l’épopée et de la sucrerie. », pour paraphraser Malraux.

 

Le styliste - animé par des passions peu jalouses - a créé les costumes de réalisateurs aussi différents que Peter Greenaway, Pedro Almodovar, Marc Caro et Jean-Pierre Jeunet, Gabriel Aghion ou Luc Besson, ainsi que de chorégraphes tels que Régine Chopinot, Karole Armitage, Maurice Béjart, Joaquin Cortès ou Angelin Preljocav ! Ce bel éclectisme s’est illustré dans des collaborations tous azimuts avec des artistes de scène : Grace Jones, Tina Turner, Nirvana, Lady Gaga, Red Hot Chili Peppers, Niagara, Neneh Cherry, Depeche Mode, Beyoncé, Yvette Horner (si, si…), Boy George, Cameo, Mylène Farmer, Kylie Minogue, Les Rita Mitsouko et… Madonna (Blond Ambition Tour, en 1990, et Confession Tour, en 2006). Après tout, la Ciccone ou le Chichin, chacun ses préférences ! In fine, Gaultier, scrutateur, toujours d’un cran au dessus du réel, de nos charmeuses dissemblances, ne serait-il pas le chantre d’une superficialité… qui ne l’est désormais plus tant elle s’inscrit dans notre patrimoine ?

 15DédicaceGaultier

 

Texte et photographies de Stéphane Saubole

 

 

Le site de Jean-Paul Gaultier

http://www.jeanpaulgaultier.com/brand/fr

 

Le site de l’exposition

http://www.exposicionesmapfrearte.com/jpg/index.html

Musique - Inédit - Miles à Andernos - Décembre 2012

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Miles, ange maudit, mais jamais déchu !

 

Sur scène, Miles Davis était toujours magnifique… malgré une santé défaillante, des excès en tous genres et un comportement qui lui valut de tenaces détestations. Mais le Musicien « qui ne se laissait rien prescrire de personne », comme il l’affirmait haut et fort, demeurait imperméable à tous les aléas de l’existence. 


1987 Miles Davis festivalAndernos


    Miles Davis à Andernos-les-Bains, en 1987 (Photo de François Ducasse)  
 

Miles Davis se produisit en deux occasions dans le cadre du festival andernosien : en 1987 puis en 1991, pour son dernier concert en Europe avant son décès, le 28 septembre de la même année, à Santa Monica. A l’intention de ceux qui méconnaîtraient le biotope « bassineyre » - ou  les tribulations de La Berma - Andernos-les-Bains (à marée haute…) est une charmante cité de villégiature girondine.


Depuis 1972, cette station balnéaire a notamment accueilli, (sans être exhaustif !) : Dizzy Gillespie, Stan Getz, Herbie Hancock, Wayne Shorter, Lionel Hampton, Weather Report, Trilok Gurtu, Stanley Clarke, Joe Zawinul, Chick Corea, Bill Evans, Georges Benson, Earl Hines, Eddie Davis, Jay Mac Shann, Mary-Lou Williams, Clark Terry, Cootie Williams, Cab Calloway, Illinois Jacquet, Wild Bill Davis, John Lee Hooker, Luther Allison, Muddy Waters, Chuck Berry, Fats Domino, Junior Wells,  Ray Barreto, Gilberto Gil, Touré Kunda, Jimmy Cliff, Linton Kwesi Johnson, The Last Poets, Stéphane Grapelli, Michel Petrucciani, Aldo Romano, Eddy Louis, Didier Lockwood, Martial Solal, Michel Legrand, Babik Reinhardt, Claude Nougaro, René Lacaille, Christian Vieussens, Elisabeth Kontomanou, Shaolin Temple Defenders, Louis Sclavis, Sweet Mama, Madrugada, Les Doigts de l'Homme, les frères Belmondo, Eric Le Lann… Il y en eut donc pour tous les goûts !

 

Une réjouissante arrogance !

 

S’il semble se remettre d’un éprouvant effort, sur cet instantané inédit de François Ducasse capturé en 1987, Miles Davis ne s’accordait guère de répit devant un public ; comme peut en attester votre serviteur qui admira l’idole au North Sea Jazz Festival, en 1990. L’arrogance qu’il manifestait en presque toutes circonstances apparaît même rétrospectivement réjouissante, à une époque où l’on en a désormais - jusqu’à l’écoeurement -  plein la bouche et les oreilles des mots d’humilité ou de modestie. La componction n’a jamais été le fort de notre homme ! Et alors ? Une interview menée par les frenchies des Enfants du rock, le dévoile à la fois cabot, contradictoire et pourfendeur de clichés stupides !



 
Pourtant, ange maudit, mais jamais déchu, il ne cessa d’être attaqué pendant près de 50 ans de carrière !

Maudit dès ses débuts, parce qu’il ne jouait pas aussi bien - auprès de Bird - que Dizzy, ce qu’il admettait volontiers…

Maudit, lorsqu’il déclara « laisser le blues aux Blancs s’ils le veulent tant ! », avant de revendiquer plus tard cet héritage, au même titre que ceux de Stravinsky ou de Bartok.

Maudit par ceux qui confondirent – où feignirent de… – son légitime militantisme et ses mauvaises humeurs avec un soit-disant racisme envers les «visages pales».

Maudit par les tenant de « l’Ancien Régime », lorsqu’il initia la révolution « électrique », avec les albums In a Silent Way (1969), Bitches Brew (1970) et la Bande Originale A Tribute to Jack Johnson, devenant successivement Mirabeau, Condorcet, Danton, Marat, Saint-Just et Bonaparte ! 

Maudit par quelques-uns de ses pairs – Shut ! Pas trop fort… deux mois avec Miles propulsaient une carrière… - tant il pouvait se montrer odieux avec ses compagnons de jeu.

Maudit par Dave Liebman, car, après des mois avec la même formation, il incorpora subitement, pour la date finale d’une tournée, deux nouveaux musiciens : le guitariste français Dominique Gaumont et le saxophoniste américain Azar Lawrence !

Et le grand Liebman de déclarer :

« Ce qu'il fait, et souvent dans les grands concerts comme celui-là, c'est de changer la donne, en faisant quelque chose de totalement étrange. Totalement inattendu. Voici ce que j'entends par là : nous sommes un groupe en tournée depuis un an... Et puis, soudainement, en public, New York City, Carnegie Hall, l'animal pousse deux types qui ne se sont même jamais vus. Vous vous dites : « Est-il fou ou bien... Il est fou, ou alors, extrêmement subtil. » 

Maudit par des femmes qu’il avait connues, mais là, on peut malheureusement croire que c’était mérité.

Maudit, encore et encore, par les « puristes » pour avoir repris Time after time, une chanson pop de Cindy Lauper, pour s’être comporté comme une rock-star dans les eighties, pour avoir collaboré avec Prince, pour avoir enregistré de « mauvais albums » tels que Decoy (1984), Amandla (1989) ou Tutu (1986)… La bonne blague !

La représentation à Andernos, illustrée par François Ducasse, se situe dans le temps,     quelques mois après la sortie de cet opus dédié à l’archevêque sud-africain Prix Nobel de la paix en 1984. Une production qui rencontra un immense succès populaire, dont la couverture – un portrait d’Irving Penn – appartient désormais à notre imaginaire, mais qui divisa la critique.

Marcus Miller, le compositeur et l’interprète multi-instrumentiste de presque tous les titres de Tutu, en convient avec humour et lucidité dans le documentaire The Miles Davis Story : « Ce qui fut grand avec Tutu, c’est que les gens prirent partie. Ils venaient me voir et me disaient : « L’album est génial et il a changé ma vie ». D’autres disaient : « Tu as ruiné la carrière de Miles. » C’était fantastique, car c’est comme cela que ça doit se passer. »
    
     Marcus Miller évoquant l'album Tutu, dans The Miles Davis Story (6:49)
  

Hermoni ensorceleur, Miles Davis ne sera jamais banni de notre paradis musical, en dépit de ses désobéissances et de ses rébellions. Ange maudit, mais jamais déchu…


Tous les jours, dans le monde entier, nous l’écoutons…

 

Stéphane Saubole 

 

 

 


Arts - Collecion cubista de Telefónica - Inédit - Décembre 2012

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Les autres maîtres du Cubisme

 

Au cœur de Madrid, l’Edificio Telefónica accueille une exposition présentant les protagonistes du mouvement cubiste, Picasso et Braque exceptés. L’opportunité de découvrir des œuvres et des destins parfois méconnus…


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Pour ceux qui préjugeraient de la sincérité d’une multinationale quant à ses actions humanitaires et culturelles, on convoquerait volontiers le mot du sieur Arouet : « L’hypocrisie est la vertu du vice ». Toujours est-il que la Fundación Telefónica exprime sur son site internet sa volonté d’agir pour « l’éradication du travail des enfants en Amérique Latine et pour une amélioration de l’enseignement par les nouvelles technologies ». Comme d’autres grands groupes madrilènes, l’opérateur Telefónica offre également, dans un lieu dédié, un accès gratuit à des expositions de haute tenue. Il est vrai que la gestion de 44 millions de lignes fixes et de 54 millions d’abonnés pour la téléphonie mobile, par 270 000 salariés, pour un chiffre d’affaire total de 60,70 milliards d’euros (2010), atteste d’un statut de géant mondial des télécommunications.

 

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    L’Edificio Telefónica, à l'angle des rues Gran Via et Fuencarral (Photo de Stéphane Saubole)

Achevé en 1929, l’Edificio Telefónica, situé à l’angle des rues madrilènes Gran Via et Fuencarral, est toujours demeuré le bâtiment emblématique du groupe éponyme. Conçu par l'architecte espagnol Ignacio de Cárdenas Pastor, d’après des travaux préparatoires de Louis S. Weeks, ce monument d’inspiration nord-américaine – agrémenté d’une ornementation néobaroque espagnole – fut, avec une hauteur de 89 m, le gratte-ciel le plus élevé d’Europe. Bien plus récent, l’Espacio Fundación Telefónica abrite au sein de l’immeuble, sur une surface de 6370 m2, un auditorium ainsi que des lieux voués à la technologie et à la culture du XXème siècle. Réparti en quatre étages, cet espace à l’architecture subtile – le panachage admirablement dosé, de structures métalliques, d’éléments en bois et d’un éclairage astucieux permettant d’éviter le piège d’un design caricaturalement « industriel » - fut  conçu et réalisé par les agences Quanto Arquitectura et Moneo Brock Studio. La pièce maîtresse en est incontestablement l’escalier de forme hélicoïdale, aux proportions et aux volumes parfaits.


     Une vidéo présentant l’Espacio Fundación Telefónica 
  

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    Le monumental escalier hélocoïdal de l’Espacio Fundación Telefónica (Photos Stéphane Saubole)
  

L’exposition intitulée Collecion cubista de Telefónica a investi le quatrième étage des lieux et présente des pièces issues du fonds propre de la société, ainsi que les éditions originales d’ouvrages théoriques traitant de la question.


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Et l’auteur de ces lignes de concéder ne pas avoir porté, jusqu’à il y a peu, d’intérêt particulier aux protagonistes du Cubisme, exceptés, Pablo Picasso, Georges Braque et  Juan Gris… Ce dernier, né José Victoriano Carmelo Carlos González-Pérez à Madrid en 1887, jouit d’une immense notoriété dans la capitale ibérique et ses œuvres y sont présentes dans les sites les plus prestigieux. Son portrait de Picasso, datant de 1912, (non-exposé en la circonstance) est ainsi considéré comme l'un des premiers tableaux cubistes… après ceux de Picasso et de Braque.

 

portraitdePicassoJuanGris


    Portrait de Picasso, Juan Gris (1912)  

Dalì avait déclaré juger les œuvres de Gris bien supérieures à celles de Picasso, exécutées presque ensemble à Paris. « Juan Gris est le plus grand des peintres cubistes, plus important que Picasso parce que plus vrai. Picasso était constamment tourmenté par le désir de comprendre la manière de Gris, dont les tableaux étaient techniquement toujours aboutis, d'une homogénéité parfaite, alors qu'il ne parvenait jamais à remplir ses surfaces de façon satisfaisante, couvrant avec difficulté la toile d'une matière aigre. » Mais on ne méconnaît pas la « bienveillance » qu’a toujours manifestée le maître de Figueras à l’égard de celui de Malaga… La pente des hautes natures est parfois jonchée de petitesses ! Sans agréer à l’opinion du divin Avidadollars, le visiteur découvrira quelques unes des toiles les plus remarquables de Juan Gris, à commencer par le portrait qui figure sur les documents promotionnels de l’exposition. 


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    La chanteuse, 1926
  

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    La grappe de raisins, 1925 
  

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    Nature morte devant l’armoire, 1920
  

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    La fenêtre aux collines
  

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    La guitare, 1918
  

Parfois, une œuvre suffit à nous laisser entrevoir de nouvelles perspectives, dans tous les sens du terme… Le tableau  Livre et pipe rouge de Metzinger nous invite à une autre appréhension du Cubisme, de par le choix délibéré d’une succession de profondeurs de champ. 


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    Livre et pipe rouge, 1921
  

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    Détails de Livre et pipe rouge (Photos de Stéphane Saubole)
 

L’œuvre de Jean Metzinger, déjà honorée du 9 mai au 22 septembre 2012 par une rétrospective parisienne à L’Adresse Musée de La Poste, connaît une salutaire résurrection. Incroyablement, c’était la première fois que cet artiste s’avérait exposé en Europe depuis sa mort en 1956 ! Celui-ci était également devenu célèbre pour avoir écrit, avec son ami Albert Gleizes, l’essai théorique Du cubisme (Édition Figuière, Paris, 1912), le premier traité majeur de ce mouvement artistique, dont l’un des premiers défenseurs acharnés fut Guillaume Apollinaire. Plus tard, Malraux, s’éployant sans gêne dans son très contesté mais si euphorisant Le Musée Imaginaire, affirmera :


« Le mot cubisme cesse d’être l’étiquette dérisoire d’une révolution capitale : Kandinsky, Klee, Mondrian, s’unissent à Braque et à Picasso, à Léger et à Gris dans un domaine étranger aux théories, et même aux écoles, car l’Ecole de Paris ne sera que la suite des maîtres de la peinture moderne : ce domaine c’est celui de la proclamation des droits de l’arbitraire en peinture, de la découverte que la création en art, peut devenir aussi contagieuse que la « beauté ».  


Autre défricheur (ou déchiffreur ?), Albert Gleizes, originellement inspiré par Cézanne - dont beaucoup jugent l’influence primordiale – peignit, dessina, grava, théorisa… avant de créer les communautés de Moly-Sabata ! C’est avec une certaine réjouissance que l’on admire son « portrait » de Jean Cocteau et, surtout, une œuvre « paysagère », qui administre la preuve de la diversité des thèmes traités par les Cubistes.

 

 

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     Maisons aux Bermudes ou Paysage des Bermudes, 1917 (Photo de Stéphane Saubole)
  

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    Détail de Maisons aux Bermudes ou Paysage des Bermudes, 1917 (Photo de Stéphane Saubole)
  

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    Jean Cocteau, 1916
  

Quelques rapides  recherches relatives aux autres « compagnons de route » présents dans l’Espacio Fundación Telefónica nous instruisent des fabuleux destins de ces êtres épris de leurs complications, qui manquent cruellement à notre époque. María Blanchard, âme bien née et corps disgracié, native de Santander, appartint à L'Ecole de Paris et travailla successivement auprès de Kees van Dongen, de Diego Rivera, de Jacques Lipchitz, de Juan Gris, d’André Lhote… Peu de temps avant son décès en 1932, Paul Claudel lui dédia un poème. 

 

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    Composition cubiste, Maria Blanchard

Le dessinateur et peintre uruguayen Rafael Pérez Barradas fut l’un des acteurs de la génération de 27 et fréquenta, après son installation en 1919 dans le quartier madrilène d’Atocha, Luis Buñuel, Salvador Dalì, ou Frederico García Lorca, dont il organisa l’unique exposition de ses dessins !


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    Bodegón, Rafael Pérez Barradas

 

Interprétant, au chant, Debussy, Ravel, Fauré ou Satie lors de grands concerts, le peintre Georges Valmier (1885-1937) robinsonna, de l’impressionnisme à l’abstraction…

 

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    Paysage, Georges Valmier, 1920

Le Bordelais André Lhote, qui aura marqué de son empreinte sa ville natale, fut également un théoricien et un enseignant de premier plan, comptant parmi ses élèves William Klein, Tamara de Lempicka ou Henri Cartier-Bresson… 

 

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    Nature morte cubiste, André Lhote, 1917 (Photo de Stéphane Saubole)
  

Quant à l’Argentin Oscar Agustín Alejandro Schulz Solari, il légua à la postérité le pseudonyme de Xul Solar et Ludwig Casimir Ladislas Markus celui de Louis Marcoussis. Ce dernier, né à Varsovie, fit franciser son nom, selon les conseils  de son ami Appollinaire, du nom d’un village proche de Paris. L’exposition Collecion cubista Telefónica permet, en sus, de découvrir les créations d’Emilio Pettoruti, de Vincente do Reyo Monterro, de Manuel Angel Ortiz, de Daniel Vasquez Diaz, de  Joaquin Torres Garcias et du photographe argentin Horacio Coppola, décédé le 18 juin 2012, à presque 106 ans !


Si loins, si proches… 


Stéphane Saubole


 

 

Le site de l’espace culturel de la Fundación Telefónica

 

http://espacio.fundaciontelefonica.com/

 

Le site de la Fundación Telefónica

 

http://www.fundacion.telefonica.com/es/index.htm

 

Le site de l’agence d’architectes Quanto Arquitectura.

 

http://quantoarquitectura.com/

 

Le site de l’agence d’architectes Moneo Brock Studio

 

 http://www.moneobrock.com/


Voeux - Janvier 2013

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Joie, amour et félicité en 2013 ?

 

 Meilleurs voeux !


1975. Bernard Lavilliers

Bernard Lavilliers, 1975 (Photo François Ducasse)


N'hésitez-pas à consulter ce blog très exhaustif consacré à Bernard Lavilliers

Lien vers http://utopia35.skyrock.com

link

Photographie - Greg C - La Distillerie de l'image - Avril 2013

Arts - David Hockney / Frères Grimm - Inédit - Février 2013

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Les contes de l’aquafortiste Hockney


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L’exposition David Hockney Six contes des Frères Grimm est accessible jusqu’au 14 avril 2013 sur le site de la Fondation Canal, à quelques pas de la Plaza de Castilla, au nord du centre de Madrid. Inutile de préciser que l’intitulé même de l’événement ne manquera pas d’exciter quelques curiosités… 

 

« Le chemin de David Hockney est décidément difficile à arpenter » diront, in petto, certains des visiteurs découvrant ses gravures présentées à Madrid. Le caractère protéiforme de l’œuvre de ce franc-tireur - éloigné de toute doxa – n’est pourtant pas méconnu ! Précocement célèbre pour des tableaux assimilés au mouvement Pop Art - la postérité veut qu’une rencontre avec Andy Warhol en 1963 à New York ait été décisive - auteur à 30 ans d’un A Bigger Splash inscrit dans le patrimoine artistique mondial, l’artiste né anglais en 1937 a depuis butiné son pollen à toutes les belladones de son temps. Ses représentations picturales de portraits, de scènes d'intérieur, de piscines, de paysages ont précédé des décors d’opéra, des pièces réalisées avec des graffiti, des dessins d’enfants, des papiers collés, des photocopies, des images faxées… Depuis une trentaine d’années, David Hockney s’est voué à l’exploration du photomontage ou photocollage, parfois avec des clichés au Polaroid (A Chair, Jardin du Luxembourg, The Skater, Bigger Grand canyon). Des créations sur iPhone et iPad furent, plus récemment en 2010,  révélées, à la Fondation Pierre Bergé - Yves Saint-Laurent. 

 

Un maître de l’aqua-fortis

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Une visite filmée de l'exposition : link

Confessons que la passion de notre sujet de sa majesté pour les plus traditionnelles techniques de la gravure nous avait échappé. Loin d’une tocade, cet exercice fut pourtant privilégié à l’aurore de sa carrière. D’après le texte informatif rédigé à l’occasion de l’exposition madrilène, David Hockney, après des essais liminaires dès 1961-1962, consacra près d’un an, en 1969, à un projet d’illustration de contes des frères Grimm (avec l’aide d’un assistant du nom de Maurice  Payne). Dans un premier temps, treize histoires furent sélectionnées avant que ne soit restreint à six le total des textes traités, impliquant la production de près de quatre-vingts gravures dont trente-neuf illustrèrent un livre publié en 1970. La petite Histoire retiendra que fut, à la même époque, éditée une version « grand public », vendue approximativement deux dollars et qui rencontra une telle popularité qu’elle fut imprimée à 60 000 exemplaires. Ce sont ces mêmes trente-neuf estampes, présentées à la Fondation Canal, qui attestent d’une très haute connaissance des procédés impliquant l’aqua-fortis des anciens alchimistes. L’artiste combina la technique de l’eau-forte avec celle de l’aquateinte pour vingt-huit œuvres et orna cinq autres de motifs à la pointe sèche. Cette maîtrise des tonalités dues aux morsures, des grenures, des encrages… autorise les à-plats les plus nuancés à voisiner avec des trames audacieuses !

 

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Le conte Raiponce. David Hockney ©

 

Mystères et interprétations

 

David Hockney, qui a toujours fait part de son intérêt pour  les contes des Grimm, en avait lu l’intégralité, bien avant qu’il soit de bon ton de s’extasier sur leurs collectes. A contrario, la nature de ces textes a depuis longtemps alimenté les travaux d’exégètes de toutes « confessions »… Une rapide recherche sur le web donne accès à une contribution de l’universitaire française Catherine Tauveron, dont le contenu se révèle plus digeste que le titre jargonnant ne le laisserait craindre (L’habitabilité des contes des Grimm en question). Cette chercheuse souligne le paradoxe de livres « interdits dans les librairies et les écoles par les anglo-américains pendant l’occupation de l’immédiat après-guerre (1945-1949), (...) aujourd’hui inscrits par l’UNESCO au patrimoine de l’humanité, connus et appréciés du monde entier. » Est-il utile de préciser que la censure des occupants des zones allemandes avait été motivée par l’influence supposée de ces ouvrages sur l’élaboration et la diffusion de l’idéologie nazie ? Nous ne nous pencherons pas ici sur ce qui peut, dans les souillardes des sociétés, préluder à leurs plus ignobles remugles... Mais s’il est indéniable que la violence  –  parfois paroxysmique - participe de l’essence même des contes de Grimm, rappelons, à titre d’exemple, que la mythologie grecque recèle de cruautés en tous genres... L’une de ses évocations du XIXe siècle les plus saisissantes présente Kronos dans le tableau Saturne dévorant un de ses enfants ; une œuvre goyesque de la série dite des « peintures noires », actuellement visible, par tous, au musée du Prado. Mais il s’agit d’autres histoires. Comme le souligne avec justesse Catherine Tauveron, la question d’« une violence instrumentalisée à des fins d’éducation » serait plus problématique. Car, dès l’origine, ces parutions étaient destinées à un public enfantin. Catherine Tauveron cite Maria Tatar qui estime que les textes suis géneris véhiculent une « pédagogie de la peur » et énonce : « Un constat à mettre peut-être en relation (du moins Maria Tatar le suggère-t-elle), avec le fait qu’au XIXème siècle, un pédagogue comme Christian Felix Weisse encourage les parents à conduire leurs enfants au spectacle de l’exécution publique des condamnés : la mise à mort d’un coupable est supposée édifiante. » Conséquemment, les deux femmes s’interrogent sur la pertinence de la lecture à des enfants de certaines des histoires les plus cruelles, tout en concédant qu’une sélection s’est faite d’elle-même au fil du temps. Environ vingt-cinq contes sont actuellement proposés au jeune public, sur les plus de deux-cents  publiés par les Grimm.

 

Jeansanspeur

Jean sans peur. David Hockney ©

De la nature du conte

 

Par ailleurs, on apprend (ou pas), dans cette même production universitaire, que « Les féministes des années 70-80 se sont tout particulièrement déchaînées contre la misogynie supposée des contes des Grimm. ( … )  L’idée commune est que le conte est « un miroir des forces qui limitent les femmes », pauvrettes qui ne savent qu’attendre le mâle et ne réussissent le concours que si elles sont belles, parce que la beauté est associée à des traits de caractères positifs (amabilité, douceur… .) et la laideur à des traits de caractères négatifs (agressivité, méchanceté… . ». Les interprétations disneysiennes furent prioritairement visées par celles qui y virent la défense « d’un modèle social patriarcal ». Il est vrai que les figures achétypales de la marâtre et de la sorcière, comme incarnations du mal, sont convoquées de manière récurrente… Laissons cependant le soin à plus instruits que nous de décider si ces recueils sont des fatras conservateurs et machistes, une narration traditionnelle, des exutoires thaumaturges, une « crase des époques », une maïeutique ( !?) ... Il est toujours délicat de choisir qui doit guérir les écrouelles ! En les considérant dédiés à un public adulte et sans les sanctifier, ces écrits nous semblent composer un fonds ancestral qui bruit de terreurs inextricables, de bravoures récompensées, de veules lâchetés ; des aventures - fouissant dans les entrailles des peuples européens - d’êtres de toutes natures, de princesses et de gueux, de vertueux et de fourbes, d’intrépides et de pleutres... 


 Denichet

      Dénichet. David Hockney ©

 


Les contributions des Grimm


Les gravures pré-citées sont donc présentées sur l’un des sites de la Fondation Canal, émanant de l’entreprise publique Canal de Isabelle II, qui gère l’adduction sur l’ensemble de la Comunidad de Madrid. Reconverti en lieu d’art et en parc public, cet ensemble est composé d’un ancien château d’eau, de réservoirs et de bâtiments attenants. L’exposition qui nous concerne fête donc, d’après ses organisateurs, la date anniversaire des deux-cents ans de la première édition des Contes des frères Grimm… Sans s’aventurer trop en avant dans la production de la fratrie Grimm, on peut relever que Jacob (1785-1863) et Wilhelm (1786-1859), en sus de leurHockneyFundacionCanal invraisemblable provende de contes et de légendes, furent des philologues et des linguistes de premier plan.

La contribution scientifique majeure de Jacob Grimm serait sa « Grammaire allemande » (1819-1837), « considérée comme le fondement de la philologie allemande ». Il fut également l’auteur de Poésie des maîtres chanteurs - en VF - (1811), de Mythologie allemande (1835), ainsi que d’une Histoire de la langue allemande (1848) et, accessoirement, traducteur de la grammaire serbe ! Au nombre des publications de son frère, on relève plusieurs travaux ayant pour thème la littérature et les traditions populaires allemandes, parmi lesquels Anciens chants héroïques danois (1811), Les Légendes héroïques de l'ancienne Germanie (1829), La Chanson de Roland  (1838) et Ancien dialecte allemand (1851). De plus les frères oeuvrèrent ensemble à nombre d’ouvrages, dont le premier volume d’un  monumental Dictionnaire allemand, qui ne fut achevé par d'autres érudits qu’en 1958 ! A la lecture de cette fascinante bibliographie, il est remarquable que leur legs le plus durable soit un recueil de contes, dont la première publication date de 1812. Leurs auteurs connurent de leur vivant sept parutions de l'édition en trois volumes et dix de l'édition réduite à un volume. Parmi les plus célèbres de ces récits on note des versions modifiées de Charles Perrault (Cendrillon, La Belle au bois dormant, Le Petit Chaperon rouge) et des « fables » devenues éternelles comme Blanche-Neige et Rose-Rouge, Tom Pouce, Le Joueur de flûte de Hamelin, Guillaume Tell...


Les choix d’Hockney


Sciemment, David Hockney privilégia six histoires moins connues et peu traitées par ses prédécesseurs : Verduela (Raiponce), Juan Sin Miedo (Jean sans peur), El Enano Saltarín (Le nain Tracacassin), El viejo Rinkrank (Le vieux Cric-Crac), La liebre de mar (Le lièvre de mer) et Piñoncito (Dénichet). Il  résolut de s’éloigner d’une illustration stricto sensu de leur trame narrative et choisit de représenter des personnages ou des scènes décisives. Ses interprétations expriment avec force le caractère souvent inattendu des récits ; quand un prétendant, après avoir été avalé par un poisson, se transforme, sur les conseils d’une biche, en lièvre de mer (un gastéropode hermaphrodite dont l’apparence est proche de la limace) pour séduire une princesse, quand la vieille cuisinière Suzon a l’intention de cuire dans une marmite Dénichet, un enfant adopté par le maître de maison, quand une épouse enceinte paye son goût immodéré pour les raiponces (Campanula rapunculus)  par le don de son nouveau-né à une sorcière. 

 

Liebredemar

      Le lièvre de mer. David Hockney ©

 

 

In fine, ce que l’histoire de l’exposition ne dit pas est pourquoi, au juste, une fondation madrilène présente en 2013, des œuvres datant de près de quarante-cinq ans d’un artiste anglais inspiré par les contes collectés au XIXe siècle  par deux frères allemands ? 

 

Les mystères de l’Art…

 

Stéphane Saubole

 

 

David Hockney Six contes des Frères Grimm

29 janvier – 14 avril 2013

Tous les jours, de 11h à 20h, exceptés les mercredis, de 11h à 15h


Fondation Canal

Canal de Isabelle II

Mateo Inurria, 2

28 036 Madrid

 

Site de la Fondation Canal 

www.fundacioncanal.com

 

Site officiel de David Hockney

http://hockneypictures.com/

Doc-inédit - Hommage à Jérôme Savary - Mars 2013

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 Jérome Savary a quitté la scène…

 

 

1975. Le Grand Magic Circus. Jerôme Savary. 44 - copie - C

Jérôme Savary et son Grand Magic Circus, au coeur des 70' (Photo François Ducasse)

Le grand homme DES théâtres a définitivement quitté la scène, en ce triste début de semaine...

 

Nous lui rendons un modeste hommage, en présentant ces instantanés inédits, capturés par le photographe François Ducasse au coeur des années 1970, dans le cadre du festival Sigma.

 

Initié et orchestré par le regretté Roger Lafosse dès 1965, cet évènement culturel bordelais a longtemps été le merveilleux terrain de jeu des avant-gardes les plus audacieuses... dont celles du Grand Magic Circus !

 

 

 

1975. Le Grand Magic Circus. Les Grands Sentiments. 40 - co

Les grands sentiments offerts au public bordelais !  (Photo François Ducasse)

Si l'auteur de ces quelques lignes n'était malheureusement pas en âge d'assister à ces joyeuses effusions, il eut cependant la chance et l'honneur de rencontrer Jérôme Savary une trentaine d'années plus tard.  

 

Ce dernier, en tournée avec sa fille Nina et un quartette de musiciens pour le spectacle La vie d'artiste, avait accordé un entetien, deux heures avant la représentation du soir, à un pigiste d'une publication dite "locale" du sud-ouest de la France (A bons entendeurs de "La capitale"...). 

 

 

1975. Le Grand Magic Circus. Les Grands Sentiments. 42 - co

Le  Grand Magic Circus réchauffe les spectateurs de Sigma (Photo François Ducasse)

Charmant, charmeur et affable, il avait conté, le cigare en bouche, à son unique auditeur du moment - les yeux et les oreilles grands écarquillés ! - ses rencontres avec Lady Day, Trane, Sphere, John Lennon... 

Le "Grand Magic Vécu" ! 

Stéphane Saubole 



Arts - Mathieu Sodore à Madrid - Inédit - Mars 2013

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« Donner à entendre, en donnant à voir… »


MathieuSodoreSeguiriya2009acrylique sur toile162X114cm 

     Seguiriya, Mathieu Sodore (DR)
  

 

L’artiste Mathieu Sodore nous avait accordé un entretien, en février, lors du vernissage madrilène d’une exposition de ses œuvres dédiées au Flamenco. La présentation de cette série de tableaux - intitulée La música callada del cantaor en hommage à l’ouvrage de José Bergamìn – était couplée avec la projection du documentaire La Mano Azul (70 mn, 2009), réalisé par le cinéaste Floreal Peleato. Mathieu Sodore évoqua, avec autant de passion que d’honnête retenue, ce film qui lui est consacré, sa démarche créative, son afición pour la musique flamenca…

 


MathieuSodoreMataderoexpo

 


Stéphane Saubole. Pourquoi un artiste français vivant au Portugal expose-t-il à Madrid ?

 

Mathieu Sodore. Pour des raisons forts simples… L’une de mes aficiones, le Flamenco, imprègne ma démarche de peintre depuis plus de trois décennies. C’est pourquoi, dès l’âge de 17 ans, j’ai fréquemment séjourné en Espagne. Et depuis que je réside à Lisbonne, j’ai maintenu un lien avec ce pays et plus particulièrement avec la ville de Madrid. Il en résulte une certaine logique à ce que je présente une série de toiles traitant de Flamenco dans la capitale espagnole.

 

St.S. Quels furent les préalables à cette exposition, dans ce site exceptionnel, Matadero Madrid ?

 

MS. C’est un lieu que je juge merveilleux ; ces anciens abattoirs de Madrid qui ont été reconvertis en un centre de création contemporaine… L’intérêt de présenter ce travail ici est double, puisque Matadero dispose d’un grand nombre de salles d’exposition, dont une, attenante à une salle de projection, se situe dans ce qui s’appelle la Cineteca. Or, il y a trois ans, un cinéaste vivant à Madrid a réalisé un documentaire long métrage traitant de l’élaboration de cette série, depuis la toile blanche jusqu’à la signature. C’était donc une opportunité de coupler, ici, la projection de ce film La mano azul à la présentation des toiles.

 


«  Fort impressionné au début du tournage »


 

St.S. Diriez-vous quelques mots sur la genèse de La mano azul ?

 

MS. Ce projet est né d’une complicité avec le réalisateur Floreal Peleato. Etant cinéphile, je partage avec lui – qui est un grand amateur d’art - de nombreux centres d’intérêt. Donc, depuis un certain temps, nous avons des discussions passionnées et passionnantes afférentes à ces domaines. Mais s’il connaissait ma peinture, il ne m’avait jamais vu en situation, dans mon atelier. L’opportunité s’en est présentée, lors d’un de ses séjours à Lisbonne. Et cela lui a immédiatement donné l’envie d’une réalisation. Initialement, il en ignorait la forme… Mais dès qu’il fut de retour à Madrid, le lendemain de son arrivée, il m’a téléphoné pour me faire part de ce projet de documentaire… Ce fut le point de départ. 

 

 

LaManoAzul

 


St.S. Et n’avez-vous pas été intimidés par l’ombre tutélaire de Clouzot ?

 

MS. Euh… (Rires). J’étais fort impressionné (Rires), pour des raisons évidentes (Rires)… Floreal n’est pas Clouzot et je ne suis pas du tout Picasso ! De plus, même si des télévisions avaient déjà réalisé des petits sujets présentant ma peinture, il n’avait jamais été question d’un tournage long et abouti. Ainsi, lorsque j’ai accepté, je me suis senti à la fois flatté - c’est extrêmement plaisant et agréable que quelqu’un jette un tel regard sur votre travail – et un peu gêné. Et les trois premiers jours de tournage me virent extrêmement mal à l’aise, avec de fréquents « regards caméra »… Si bien que tous ces plans ont été coupés au montage et n’apparaissent pas dans le résultat final. Mais comme l’équipe de production était restreinte et leurs membres – le réalisateur photo, le preneur de son, Floreal - extrêmement professionnels et humainement attachants, ils ont su se faire très discrets. J’ai donc assez rapidement oublié leur présence, la caméra, l’éclairage…

 


« Prendre à contre-pied l’imagerie habituelle » 

 


St.S. Nous connaissions Mathieu Sodore, le « dessinateur », et, à l’occasion de cette exposition, nous découvrons des œuvres de grand format, aux larges à-plats… De surcroît, il apparaîtra surprenant de traiter d’un tel thème avec des toiles à l’acrylique.

 

MS. Concernant le format, dans la mesure où c’est une série de « portraits partiels », ne présentant que le bas du visage et la gorge - ce qui me semblait faire sens pour évoquer  des chanteurs de Flamenco - je voulais réaliser des images selon le principe du close-up au cinéma. Les personnages se révèlent donc plus grands que les spectateurs de façon à générer une présence, ne serait-ce que par la dimension de la toile. Je désirais produire cet effet. Pour le choix de l’acrylique, il y a déjà fort longtemps que j’ai adopté cette technique, même si j’ai peint à l’huile par le passé. Plus précisément, j’utilise des pigments naturels que je mélange avec un liant acrylique. J’ai une manière de travailler assez rapide, et en raison des temps de séchage, l’acrylique me convient mieux. C’est immédiat.

 


MathieuSodorePolo2009acrylique sur toile162X114cm

Polo, Mathieu Sodore (DR)

 

St.S. On associe souvent l’imagerie flamenca à une peinture avec de « la matière », aux teintes sombres recouvertes d’un épais vernis… Y’avez-vous songé à l’heure de ces choix esthétiques différents ?

 

MS. J’y ai tout à fait songé. Il a même existé une volonté de prendre un peu le contre-pied des représentations habituellement associées à ce sujet. C’est une démarche que j’ai déjà empruntée afin d’illustrer d’autres thèmes, avec une palette radicalement différente à celle attendue. A mon sens, on en dit autant… Surtout, cela me correspond mieux et permet d’éviter le cliché, le lieu commun.

 

St.S. Par ailleurs, aviez-vous, aux débuts, l’idée d’une série, ou cette intention est-elle née après une ou deux œuvres ?

 

MS. Le souhait de réaliser un ensemble homogène est, pour deux raisons, à l’origine du projet. Déjà, j’ai pour habitude de travailler par séries. J’aime ce mode de fonctionnement qui m’autorise à créer simultanément deux, trois, voire quatre tableaux. Cela me permet de tâtonner, de rechercher, de retoucher… C’est une manière de procéder qui me plaît beaucoup et qui s’est révélée particulièrement adaptée à La música callada del cantaor, dans la mesure où l’un de mes objectifs était de figurer les différents registres du Flamenco. Je ne voulais pas me contenter de l’évocation d’un ou deux palos, mais présenter un ensemble significatif de ces styles.

 


MathieuSodoreExpoMatadero2013[1]

L'esposition La música callada del cantaor (DR)

 


« Le visage au cœur de ma démarche, depuis trente ans »

 


St.S. Quelle place prennent, dans le cadre de l’exposition madrilène, les œuvres de plus petit format, également présentées, mais séparément ?

 

MS. Avant de m’attaquer aux grandes toiles, j’avais réalisé une trentaine de dessins, obéissant à des contraintes semblables en termes de composition. Je désirais notamment vérifier que le fait d’éliminer les yeux ne nuisait pas à l’expressivité des visages. Puis vint le moment de choisir parmi ces encres de Chine. J’en ai retenu dix qui ont inspiré les dix tableaux de la série.


 

MathieuSodoreCante 142008encre sur papier21X14cm

Cante, encre sur papier, Mathieu Sodore (DR)


St.S. On admire, dans ces études, la force et la précision des traits, exécutés presque dans la logique d’un graveur… Comment évolue-t-on de ces œuvres plus « détaillées » à des tableaux aux larges à-plats ?

 

MS. Il est vrai qu’une des caractéristiques de ma production depuis toujours s’avère d’être celle d’un dessinateur-graveur plus que celle d’un peintre, « au sens peintre » du terme. Ceci-dit, il y a déjà longtemps que je réalise des séries de grand format… Cependant, mes ébauches demeurent toujours très structurées. Le dessin se révèle encore présent, de manière sous-jacente. Je dois être dans l’incapacité de me lancer sans cette préparation…


 

MathieuSodoreAlegrías (étude)2008graphite sur papier21X14

Alegría, graphite sur papier, Mathieu Sodore (DR)


St.S. Ne fut-il pas trop délicat de choisir qu’ « effacer » ? 

 

MS. Ce sont des étapes… A l’époque des premiers travaux de cette nature, cet « effacement » fut effectivement presque douloureux. Mais on attend un autre résultat. Et… j’ose espérer que j’y suis à peu près parvenu. Donc je pense pertinent de sacrifier une technique que je maîtrise pour essayer d’en approfondir d’autres…

 

St.S. Le sujet principal… Est-ce le visage humain ou le Flamenco ? Ou les deux ?

 

MS. (Rires) Je vais me contenter d’une réponse de Normand : les deux ! (Rires) Plus sérieusement, le visage est au cœur de ma démarche depuis trente ans, quel que soit le thème. La rencontre de cet attrait pour le portrait et de ma passion pour la musique flamenca a donc inspiré cette série.

 

 

« Associer chaque tableau à un style flamenco »

 


St.S. On a pu constater lors du vernissage que le Flamenco, comme tous les sujets d’afición, inspire les polémiques, les discussions… Un Français n’est-il pas impressionné lorsqu’il s’attaque à ce thème ?

 

MS. Franchement non. Car heureusement, depuis environ quarante ans, les mentalités ont véritablement changé. Le regard que portent les Espagnols, et plus singulièrement les Andalous, sur des étrangers qui traitent du sujet a beaucoup évolué. Et bien souvent, les musiciens de Flamenco apprécient le public français, dont l’afición se révèle érudite, calme, à l’écoute…

 

St.S. Comment avez-vous associé les différents style de flamenco – par ailleurs très difficiles à distinguer pour le profane – aux tableaux qui en ont l’appellation ?

 

MS. Tout d’abord, bien que n’étant pas musicien, une écoute assidue m’a permis de capter quelques petites choses. Chaque palo se singularise par une métrique, un compás, un rythme. On les différencie également sur le plan mélodique, bien que cela soit parfois compliqué. Pour certains styles très voisins, la letra - les paroles - permettent de les identifier…

 

MathieuSodoreMataderoSaubole

Les oeuvres de Mathieu Sodore présentées à Madrid (St.Saubole)

 

St.S. Même si sur les toiles, on ne voit pas les yeux, ni ne figurent les noms, les bouches appartiennent à des interprètes célèbres, que les amateurs reconnaissent…

 

MS. Ma volonté était de me concentrer sur des équivalences plastiques, associant les couleurs à des rythmes. Je ne souhaitais pas réaliser des portraits d’Enrique Morente ou de Camaron… Mais je me suis amusé à représenter une chanteuse ou un chanteur connus sur chaque tableau ! C’est un supplément d’âme dédié aux connaisseurs, qui auront plaisir à les découvrir.

 

MathieuSodoreTango2009acrylique sur toile162X114cm

Tango, Mathieu Sodore (DR)


St.S. N’est-ce pas encore plus aventureux ? Et comment procédez-vous pour ces représentations ?

 

MS. Comme pour des portraits plus traditionnels, j’effectue une sélection de photographies du « modèle » et m’en inspire. Il est à préciser que les artistes flamencos choisis s’avèrent associés à des palos, qu’ils symbolisent. A titre d’exemple, pour illustrer le Martinete –originellement un chant de forge, sans accompagnement à la guitare, rythmé par un marteau frappant sur une enclume – j’ai choisi l’un des spécialistes de ce style. De même, pour l’Alegría, est figuré Rancapino, l’un de ses magnifiques interprètes.

 

St.S. Quelle est la réaction du public madrilène à ces œuvres, dans le cadre de l’exposition à Matadero ?

 

MS. Lors du vernissage, des aficionados de Flamenco ont jugé les choix assez pertinents… J’ai pu échanger avec des connaisseurs qui m’ont dit entendre les sons en voyant les tableaux. J’en suis véritablement flatté et ravi… car c’est le signe, que, d’une certaine manière, le pari est…

 

St.S. Gagné !

 

MS. Presque gagné…. A l’origine du projet, l’idée était que, tout en donnant à voir, on donnait à entendre. Et il semblerait que… enfin à tout le moins pour certaines personnes… que  cela fonctionne…

 

Propos recueillis par Stéphane Saubole 

 

 

 

Blog de Mathieu Sodore 

link

 

Site internet du centre culturel madrilène Matadero 

http://mataderomadrid.org/

http://www.mataderomadrid.org/ficha/2072/la-mano-azul.html

 

MataderoSaubole

 

Présentation du réalisateur Floreal Peleato 

 link

 

Extraits de La Mano Azul 

link

 

Les invités - J.R. Népacquier / Pierre Jacquemin - Inédit - Juin 2013

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Pierre Jacquemin

Voyages à l’ombre de la lumière

 Poèmes initiatiques

Riveneuve Editions

 

 couverture voyages à l'ombre de la lumièreJacqueminA

 

 

J’ai sous les yeux un petit livre, une cinquantaine de petits textes en prose. Un voyage est proposé au lecteur qui va certainement partir et pérégriner sur un drôle de chemin, à l’Ombre de la Lumière. Curieux et joli titre… Déjà un désir de découvertes, peut-être…

Le voyage initiatique conduit normalement à la Lumière, une Lumière… la lumière de la Sagesse, bien certainement. L’approche d’une vérité possible, d’une force de vie… Approche-t-on la Lumière… est-elle perceptible ? Où le poète va-t-il nous conduire ?

Voici donc la base de la spirale initiatique… la Terre, notre mère à tous ! Le socle solide de toute partance vers les espaces, vers les grands espaces inconnus :

 

 

L’Obscure Immensité

 

      Dans la nuit claire, le train filait vers Moscou. Ne pouvant dormir, voilà qu’il avait soulevé l’épais rideau de velours. Une clarté fade avait touché l’argent des tasses à thé sur la tablette et il avait alors effacé la vitre humide d’un geste plat de la main.

    Là-bas, au-delà des rapides troncs blancs des bouleaux troublés de lune, l’obscure immensité Slave vibrait …

 

Premiers grands vertiges des grandes étendues sauvages… Puissance de la force de l’Histoire, de la Grandeur, première étape de la réflexion dans le voyage qui s’arrête, en prévision de la prochaine étape ; premier arrêt, première épreuve, premier petit pas vers la Sagesse, 


Soleil

 

    Devant le petit café, sur le bord de la route où stagne l’intense trafic, l’air pollué est devenu irrespirable … Abdel fume une dernière shisha glougloutante, perdu dans son nuage rose parfumé à la pomme. Les palmiers dattiers, de l’autre côté du canal Mahmoudieh, s’allument, tout d’un coup, comme autant de réverbères. Son verre de thé étincelle.

    A l’horizon, droit devant, Soleil, majestueux et couvert d’or, s’abandonne avec lenteur et glisse avec mollesse derrière l’impressionnante pyramide de Dacchour qu’il irradie avec force et magnificence dans un grand jaillissement de feu.

 

La Terre d’Egypte ! …

                                                                                      Dans les environs du Caire

 

 

Mais surviennent les premières épreuves, les premières expériences et tentatives qui jalonnent le voyage initiatique de souffrances. Voici les peurs, les lourds chagrins de la vie, les séparations, les abandons, cette coupe d’amertume qu’il faut boire pour avancer, pour progresser n’est-ce pas ? Cette Coupe d’Amertume qui guérit…

 

 

 

Départ de Zagreb

 

    Le moment de la séparation, redouté depuis des mois, n’est plus finalement qu’à quelques minutes d’eux. Jovan, étrangement excité, regarde encore sa mère et les haut-parleurs diffusent plusieurs avis de départ qui se mélangent dans l’air, incompréhensibles. Il voudrait tant qu’elle puisse le comprendre et imaginer, tout comme lui, cette nouvelle vie qui l’attend, bien sûrement, à Montréal.

    Folle, elle le retient du regard à travers ses larmes, car ayant lu brusquement dans ses yeux, elle sait maintenant qu’elle ne le reverra plus…

Zagreb, Croatie

 

 

Cette Coupe d’Amertume qui guérit dans la solitude du cherchant, qui se sent perdu, qui perd pied parfois, qui cherche l’espoir à l’horizon invisible d’un inconnu qui s’efface…

 

 

Volupté

 

    Il avait regardé l’océan des toits par la fenêtre de sa chambre. Il venait de se lever et la fatigue encore se faisait lourde en lui comme une volupté. Au bout des toits, commençait le ciel, un ciel tout blanc et qui n’exprimait rien. Alors la douce volupté s’était effacée comme un drôle de rêve.

    C’est qu’il avait compris soudain l’immensité grandiose de sa solitude…

 

 

Mais voici déjà la troisième étape de la Vie en progrès, en marche, et c’est la Force du Désir, la force de l’amour et des attachements humains. La troisième étape… La puissance de l’Amour…

 

Dans le Restaurant de la Gare

 

    C’est la fin de l’après-midi et la chaleur semble plus insupportable encore. Dans le restaurant de la très petite gare, il n’y a plus un souffle d’air et pourtant, il y fait très sombre et les baies vitrées sont ouvertes. L’horloge murale est arrêtée, depuis longtemps, sûrement et, par moments, on n’entend plus un bruit. Voilà que tout s’est curieusement figé.

    Dans un coin retiré, attendant l’heure de son départ, un soldat en uniforme, devant un verre de bière ne regarde nulle part. En fait, il n’est déjà plus là car son désir est ardent.

                    Mostar, Bosnie

 

 

 

Mais toujours les épreuves, et cette force de vie s’éteint hélas au dernier poème de l’étape, au dernier passage vers l’autre niveau. Désespérance… Où est la sagesse et où se cache le grand sens de la Vie…


Le  Petit Cimetière Marin

 

     C’est ainsi que passèrent deux années. Les deux années qui suivirent sa disparition. Tous les matins, elle se rendait, à très petits pas, au petit cimetière marin, tout en haut, sur la falaise. Tout en haut, elle restait là des heures, à jardiner tout autour de la tombe, à rêver, à parler seule. Les fleurs étaient si nombreuses parfois qu’elles embaumaient, semblait-il, par-dessus toutes les tombes et même, parfois, au-delà du petit mur d’enceinte. Deux années passèrent, longues et courtes finalement et puis, elle fut étendue, elle aussi, auprès de lui pour toujours et plus aucune fleur ne vint parfumer les petits matins roses en haut de la falaise du petit cimetière marin …

Une île grecque en mer Egée

 

 

Où se dissimule la Connaissance et où se cache le grand sens ésotérique de la Vie ? Les clés sont-elles données à l’homme ? Voici la quatrième étape… le quatrième Livre, c’est la Beauté, la Sagesse

Le passage de la Vie à la Mort, de l’Orient à l’Occident, voyage solaire…

 

 

A Travers la Grande Plaine Russe

 

     Le train file vers l’Ouest. Rien ne l’arrêtera donc. Immensité des ciels qui se succèdent en grands changements lumineux et sombres à la fois sur l’interminable plaine. Etonnement de l’aube qui soulève l’Orient, fatigue des ciels lourds du Midi, stupéfaction des couchants éclatants qui, déjà, tachent les draps de sang. Ainsi va la vie qui, à grands traits, se modifie sans cesse. Dissolution des grands ciels mourants sur la splendeur du couchant.

                  Ainsi va la vie …

 

 

La force de la Sagesse, la puissance de la Lumière c’est l’Humanisme triomphant, c’est la grande tolérance entre les Hommes. Cette universelle Sagesse qui ne rejette rien et qui vibre dans la beauté ! La Lumière est Une et éclaire tous les Hommes :

 

La Divine Coïncidence  

       

     Sous le glissement rapide d’un nuage, Sarajevo surgit dans la lumière. Des neiges étincelantes mouillent encore les rues luisantes où s’écrase mollement un dégel boueux.

     Au bord de la Miljacka, dans la grande Synagogue, superbe et imposante, David est seul. Il psalmodie à mi-voix. Et dans le silence de son étude, soudain, de la cathédrale catholique voisine, à toute volée, sonnent, les cloches ! … David lève alors la tête vers le somptueux plafond multicolore aux motifs compliqués. Quelle beauté ce plafond … Quelle beauté !

Depuis le minaret de la Begova Džamija, voilà que le muezzin, lui aussi, appelle à la prière …

David sourit à la divine coïncidence…

 

 

La Connaissance se fait une et éclaire tous les Hommes et déjà ou enfin la cinquième et dernière étape du long voyage s’approche du néophyte de la Vie. La découverte de La Lumière… qui initie et libère du vulgaire, du bruyant, du profane, du dehors…


Deuxième Méditation

 

 

     Ce jardin est comme le paradis sur terre … D’invisibles oiseaux ramagent dans le creux de son ombre fraîche et tremblée. Des amas de feuillages frissonnants, jaillissent, seuls perceptibles, brusquement, de grands mouvements d’ailes rapides. Une poussière rousse trouble la lumière qui joue, agitée…

     La salle de prière est large ouverte sur le jardin et une  fraîcheur ardente et pénétrante s’en échappe. Deux silhouettes respectueusement accroupies sur le somptueux tapis sacré, dans le grand silence lumineux, tournés vers le Mihrâb, prient. Tombée droit d’une ouverture, une sage lumière baigne la scène. La Lumière. Paix.

Dehors, c’est le tumulte incessant et un grand trouble effrayant bouscule les encombrements hurlants et enfumés du Caire …

 

 

 

Cette Lumière livre-t-elle son secret ? Quelle est sa nature, son origine ? L’attente d’une réponse ! Une réponse, enfin !

Le Secret

 

    « As-tu vu la Lumière ? », lui demanda brusquement le novice. « Cela fait près de quarante-deux ans que tu es enfermé dans ton monastère, au pied du Mont Athos, perdu dans tes prières, purifié par tes jeûnes et tes privations, loin des femmes et des distractions vulgaires ; tu as bien dû la voir, la Lumière ! »

    Le vieux moine ne répondit pas. En fait, il ne savait que dire. De quelle lumière parlait donc cet homme et qu’attendait-il de lui ? Silencieux, il leva la tête simplement, en attente d’une explication.

Et c’est alors que, dans les yeux, dans les yeux vers lui levés, le novice, soudain, l’aperçut, éclatante, … la Lumière !

 

 

couverture voyages à l'ombre de la lumièreJacqueminB

 

 

                                                                                              J.Rémi Népacquier

 

 

 

 

 

 

 

Littérature - Inédit - L'Escale du livre - Avril 2013

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Tout, sauf de tristes tropismes !

 

L’Escale du livre permet chaque année la venue à Bordeaux d’écrivains, d’éditeurs et de libraires issus du grand sud ouest, d’Hexagonie et de tous les horizons… Le parvis et le parc attenant à l’église Sainte-Croix ont accueilli, du 5 au 7 avril, l’édition 2013 de la manifestation. L’opportunité, pour ceux qui les ont déjà humées, de respirer à nouveau les fragrances du terreau littéraire d’un « quart de France ».

 

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        L'Escale du livre, sur le parvis de l'église Sainte-Croix (Photo François Ducasse)

On utiliserait avec gêne – afin d’évoquer cette marqueterie de biotopes - le mot de « province », parfois énoncé avec une décevante condescendance par certains doctes esprits de la capitale ; un vocable qui désignerait une terra incognita uniforme, un ensemble indistinct ou pittoresque, au delà des limes de la République des Lettres… Comment convaincre tels essorillés que des auteurs de Sabres ou de Périgueux ne se revendiquent pas inévitablement d’un terroir, que les « identités » - lorsqu’on les convoque - se révèlent fines, inextricables et tigrées… que le talent n’a pas d’adresse postale ? Et ne nous méprenons pas ! On peut être « politiquement » Jacobin et regretter que Benard Lubat ou Michel Suffran ne soient des icônes nationales ! Mais c’est un autre débat… Ce qui ne devrait pas y prêter est la reconnaissance de l’une des invitées du salon comme l’un des écrivains actuels majeurs. Marie NDiaye s’exprime d’une « voix » unique, aux côtés de grands anciens tels que J.M.G. Le Clézio, Philippe Sollers… ou Michel Déon. Agé de près de 94 ans, le dernier des Hussards était également l’un des convives de l’escale bordelaise.

 


Les éditeurs et les libraires à l’honneur

 

Les festivités livresques de cette nature sont des opportunités rares de rencontrer d’autres acteurs essentiels que sont les libraires et les éditeurs ; même si, en cette circonstance, nous n’avons pu revoir nos amis de Myriapode, deCulture Suds ou de La Librairie Georges… que nous saluons chaleureusement. D’autres personnalités nous attendaient sur leurs stands, dont les ambassadeurs de Citadelles & Mazenod. A l’extrême opposé d’une « Taschenisation » (que nous déplorons… tout en acquérant leurs productions bon marché), la maison créée en 1936 par Lucien Mazenod se distingue, depuis sa naissance, par de prestigieuses publicationsCitadellesMazenodFrançoisDucasse « sur mesure ». Ces orfèvres de l’édition d’art ont initié les collections La Galerie des hommes célèbres, ou Les Œuvres célèbres, dirigées, en leur temps, par Raymond Queneau, Maurice Merleau-Ponty, André Leroi-Gourhan… Les trente-cinq titres de L'art et les grandes civilisations – des sommes de plus 600 pages – ont définitivement consacré cette entreprise de diffusion des savoirs. Après sa reprise par François de Waresquiel en 1984, l’éditeur choisira le nom de Citadelles & Mazenod, tout en perpétuant la tradition de parutions  d’une très haute tenue, en termes de contenu et de forme. Des études monographiques (Raphaël, Rembrandt, Goya...) côtoient, dans leur catalogue, des volumes dédiés au patrimoine de grandes villes (Paris, Rome, Istanbul...), ou des « coups de cœur » (Fresques italiennes de la Renaissance...). Toujours impressionnants à feuilleter (et relativement onéreux…), ces beaux-livres étaient présentés à Bordeaux par deux gentlemen gascons, hommes de culture et de partage. La discussion chemina de Picasso à Zocato, de Jean Lacouture à Germaine Tillon, de Chaban-Delmas à Rol-Tanguy, pour se conclure sur l’évocation du grand-père d’un de nos interlocuteurs ! Paul Adolphe Marie Prosper Granier de Cassagnac (Guadeloupe, 1842 - Saint-Viâtre, 1904) fut journaliste, député du Gers et fameux bretteur, avec vingt-deux duels victorieux, dont l’un l’opposa à Charles Maurras !

 


Drouyn, Arnaudin, Iturria…

 

D’autres parfums émanaient chez Les Editions de l’Entre-deux-mers, notamment du très émouvant Bordeaux mémoire partagée, un recueil d’images sensibles de l’ami Ducasse, accompagnées des textes du regretté Jean-François Mézergues et d’une préface admirablement suffranesque. Nées en 2000, Les Éditions de l’Entre-deux-Mers furent initiées afin d’éditer l’intégrale des créations de Léo Drouyn (1816-1896), auteur, en sus d’autres vocations, de plus de 5 000 dessins et de près de 1 550 gravures, témoignant du patrimoine aquitain de son époque. Le parti-pris originel était donc « de présenter tous les documents iconographiques : non seulement les dessins, mais les croquis, des notes archéologiques manuscrites, non seulement les gravures à l’eau-forte, mais les gravures sur bois ou les morsures sur zinc, plans ou détails. » On connaît moins noble intention ! Depuis son siège de Saint-Quentin-de Baron, cette structure éditoriale présidée par l’historien Bernard Larrieu a progressivement enrichi, de volumes en format à l’italienne – dix-huit à ce jour - la collection Léo Drouyn, les albums de dessins. La consultation du tome Le Bassin d’Arcachon et la Grande Lande (1998 puis 2009) incidenta une discussion sur les caractéristiques de la forêt usagère de la Teste-de-Buch, ses baillettes, ses maisons de résiniers et son « sommet » : Le Truc de la truque, culminant à 75 mètres (si, si !).


 

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       Du côté d'Arcachon, par Léo Drouyn...

 


Afin de continuer à être en excellente compagnie, des haltes s’imposaient chez Les Dossiers d’Aquitaine, heureux éditeur de Franck Lafossas et de Michel Suffran, ou aux Editions du Cairn pour déguster la « trilogie espagnole » de Michel Dieuzaide (Aficion, Españas, Compas). Quelques mètres plus loin, les Editions Atlantica dévoilaient Pays Basque, au tournant d’un siècle, un ouvrage de Jean Dieuzaide, le père, (1921-2003), photographe né à Grenade, en Haute-Garonne, et mondialement connu pour son portrait de Dali « sauvé des eaux », les pointes de la moustache tressées de fleurs…

 

 

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       Dalì dans l'eau, (Cadaquès, 1953, Jean Dieuzaide)

 


Sur le même étal, mais sur un tout autre registre, on découvrait avec bonheur le livre consacré à Pablo Tillac, peintre, graveur, sculpteur et illustrateur. Cette récente publication (Pierre Minvielle, Pablo Tillac, Le portraitiste des Basques, 2013) révèle tout l’éclat d’un artiste qui illustra la vie des marchés, des églises ou  des trinquets de Cambo et de ses environs.

 

 

PabloTillacAtlantica

 

 

Si sa famille est originaire de Sare, Michel Iturria est  né, a grandi et a diffusé son art depuis la capitale aquitaine. En 2012, fut édité par Le Castor Astral une sélection de ses saisissants dessins (Iturria, la vie comme elle va), à l’occasion de l’exposition l’honorant au Musée d’Aquitaine. Il est vrai que Bordeaux peut s’enorgueillir d’une glorieuse ligné avec Sem, Sempé, Chaval…

 

 

2010.Zocato,Ducasse, Iturria

       Zocato, Ducasse, Iturria, une première ligne de rêve (2010, Photo DR)


Le Castor Astral,présente chaque année à L’Escale du livre la provende d’une politique éditoriale très diversifiée, dont les études de Florent Mazzoleni, grand spécialiste de la Great Black Music (Burkina Faso, musiques modernes voltaïques, Musiques modernes et traditionnelles du Mali…). Mais, incontestablement, leur « coup médiatique » du moment s’avère Céline coupé en deux, une « fiction » traitant du cas Destouches… écrite par Eugène Saccomano ! On apprend ainsi que ce dernier, plus connu pour « refaire le match », a publié plusieurs romans dont Bandits à Marseille (Julliard), qui inspira le film Borsalino.

 


Un festin d’Aquitaine

 

Un arrêt aux Editions Confluences offre toujours l’inextinguible plaisir de se plonger dans la prodigieuse œuvre de Félix Arnaudin (1824-1921), le « Grand Homme » de la Haute-Lande,écrivain, photographe, linguiste, folkloriste, historien, ethnologue inexpugnable d’un terroir en transformation … né et mort à Labouheyre

 


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       Le stand de la revue Le Festin à L'Escale du livre (Photo François Ducasse)

 


Ces fibres landaises composent l’une des trames patiemment élaborées par Le Festin, depuis sa naissance en 1989. La revue butine son pollen à toutes les efflorescences de l’Aquitaine, diffusant depuis 85 numéros ses richesses artistiques et patrimoniales, tout en développant une activité d’éditeur. Parmi leurs publications, on retrouve le très beau catalogue de « l’exposition-retrospective » consacrée, en la chapelle médiévale de Mérignac, à Bernard Ouvrard (La Tête contre les murs, 2007). Le modeste auteur de ces lignes avait eu l’honneur d’admirer les toiles de ce peintre de premier plan, en compagnie de Michel Pourteyron, un autre immense artiste… toujours présent dans nos cœurs… Sur l’opuscule pré-cité apparaît le témoignage intense d’une autre personnalité regrettée. L’écrivain et journaliste Patrick Espagnet avait offert, en un texte dédié à son ami Ouvrard, ses miraculeuses fulgurances…  

 

 

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  La tête contre les murs (Le Festin, 2007)

 


Un air d’Espagnet

 

Le nom du « joli petit talonneur de Grignols » était sur toutes les bouches durant le salon bordelais ; une maison d’édition du cru étant résolu à publier une anthologie d’écrits qui ont marqué au fer une génération de « Bordeluches » et de tant d’autres… Sa prose, digne d’un Audiard déjanté, ensorcelle le lecteur des dix nouvelles de La Gueuze, (Cultures sud, 2001), titrées de noms de boissons alcoolisées, du Pomerol à laPatrickEspagnetrugby Jeanlain. Cette déclaration d’amour aux mots issus de tous les horizons éclaire également les récits de XV Histoires de Rugby (Cultures sud, 2003), le livre le plus « gascon », enraciné dans le terreau de l’Ovalie. Et puis il y a Les Noirs (Loubatières, 2002), ce recueil de poèmes en prose aux accents incantatoires ; originellement une projet de collaboration avec François Ducasse, qui reçut ensuite le soutien admiratif de Pierre Albaladejo. Patrick Espagnet avait déjà publié en 1994 Ventre de ville (Editions Confluences et mairie de Bordeaux, 1994), une pièce courte qui éclairait d’une lumière crue ces heures où au marché des Capucins travailleurs et noctambules se croisent quand « le petit matin s’approche comme un chat du côté de la gare ». Bien avant, ses articles pour Sud Ouest avaient converti de nombreux aficionados, avec notamment cette chronique aussi décapante qu’attendue – Dérives – qui abordait les thèmes les plus variés. Il faudrait relire des perles telles que Froaések et Lumidédou, Messieurs les anglais, Entre deux, mais également le préambule au beau-livre Les Chemins de l’arène (photographies de François Ducasse, Editions Cairn, 2003)… et les hommages posthumes que lui ont rendu Christian Seguin ou Jean-François Mézergues… Des histoires sui généris, de généreuses échardes extraites du compost d’une florissante biosphère… Contons-les.  Car il s’agit de tout, sauf de tristes tropismes !

 

Stéphane Saubole

 

Théâtre - Vaca 35 Teatro / Genet - Inédit - Août 2013

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Genet et... l'émotion mexicaine !

 

Au mitan du mois de juillet, dans le cadre du festival Fringe Madrid, le site culturel Matadero accueillit le collectif mexicain Vaca 35 Teatro en Grupo pour des représentations de la pièce Lo único que necesita una gran actriz, es un gran texto y las ganas de triunfar, une création inspirée des Bonnes de Jean Genet. Une « adaptation » libre et intense.

 

Vaca35teatroFringeMadrid2013


Il est peu probable que les spectateurs de la première des Bonnes, au théâtre de l'Athénée, le 19 avril 1947, se vissent offrir un verre de tequila par Louis Jouvet ! C'est pourtant avec une bouteille de ce breuvage que le metteur en scène de Lo único que necesita una gran actriz, es un gran texto y las ganas de triunfar reçut le public madrilène... Incontestablement, l'absorption de ces « chopitos » offrit un avant-goût d'une pièce, (très) librement inspirée de l'oeuvre de Genet, tant cette interprétation de La Criadas remua le sang et les sens. Il est vrai que l'écrit le plus célèbre de l'aède « sanctifié » a toujours suscité quelques émois ! Dans un immédiat après-guerre où les vertus étaient volontiers convoquées, la mise en scène de Jouvet reçut un accueil pour le moins frileux... Même sa genèse a longtemps prêté à débat ! Il semblerait cependant que l'embrouillamini soit désormais éclairci. De fait, deux textes furent publiés en 1954, dans un même volume par l'éditeur Jean-Jacques Pauvert. La version la plus connue – parfois appelée « définitive » par les exégètes – fut la première présentée sur scène et parut, en 1968, dans des Oeuvres complètes. Genet – qui avait manifestement lui-même remanié le manuscrit - la datait de 1946, mais non antérieure aux répétitions de mi-septembre. L'autre, plus « bavarde », selon l'auteur, avait été publiée par la revue L'Arbalète au printemps 1947, avant d'être présentée en 1954, au Théâtre de la Huchette, par Tania Balachova.

 

Une œuvre presque distincte

 

Créée en novembre 2011 par le collectif mexicain Vaca 35 Teatro en Grupo, Lo único que necesita una gran actriz, es un gran texto y las ganas de triunfar s'avère, de par son format et son sujet, assez éloignée de ses devancières, sans cependant verser dans la tépidité. En talentueux hérésiarque, le jeune metteur en scène Damián García Cervantes, co-fondateur et directeur artistique de la troupe, s'est également affranchi des recommandations rédigées par Genet, ainsi que des didascalies, créant une œuvre presque distincte. C'est une précision et non un blâme... Madame est absente, privant l'audience d'un archétype de bourgeoise parisienne d'époque, dont l'odieuse condescendance oscille entre l'impudicité du cynisme et la vertu auto-proclamée. Le décor n'est pas la pièce luxueuse où les deux sœurs parodient obsessivement, en un rite occulte, leur condition ancillaire, bravant en secret leur domesticité et balbutiant leurs criminelles intentions. Point, non plus, de funestes deus es machina, mais plutôt une « épiphanie méphitique », que révèle une narration focalisée sur le lien viscéral entre deux femmes. De cette relation, il émane une intensité galvanique dont la mise en abyme impose un régime de vérité à ces êtres suspendus par la rage et le désespoir...

 


 

Une invraisemblable qualité de présence

 

Dans un espace volontairement restreint, les personnages délivrent au monde, sur leur « gibet d’infamie », des vérités successivement orageuses, violentes ou désespérées. Les deux actrices - Diana Magallón et Mari Carmen Ruiz -  se racontent leurs avanies, s'apostrophent avec virulence, se hurlent leurs désirs mortifères, s'agonissent d'injures, évoquent leurs existences névrotiques, leur destin garrotté, leurs perspectives étranglées... Elles se lancent à cœur perdu, durant 50 minutes, en un rare numéro d'équilibristes, jouant, parlant, mangeant, buvant, cuisinant, nettoyant, se lavant, se dénudant, dansant, chancelant... sans jamais se départir d'une haute maîtrise gestuelle et d'une invraisemblable qualité de présence.

 


Ainsi incarné, le récit en appelle autant à un tragique amphigourique qu'à la poignante mornerie du quotidien, avec ses gestes hérités, répétés, routiniers. L’habituel envahit toujours, fût-il un atavisme cloacal, un prône ordalique ou un chant exaspéré... Le jeu et les déplacements des protagonistes établissent une connexion physique, captant le public et l'élevant dans le réalisme magique de l’émotion. L'assistance est puissamment confrontée à ses espérances, à ses effarements ou à ses renoncements et semble entendre une voix la narguer (celle d'Antonin ?) : « Défiez-vous du mépris ! La figure torve de fama fatum, à tout instant, peut surgir». En une étonnante issue, les deux interprètes, enlacées avec tendresse, se content une belle histoire, comme une berceuse avant de s'endormir...

 

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Deux actrices à coeur perdu (Photo Paula Prieto 2012)


Fringe, toujours à la marge

 

Sur leur site internet, on apprendra que Vaca 35 Teatro en Grupo, fondée en 2007, est « une troupe de théâtre indépendante qui souhaite instaurer un dialogue direct avec le spectateur. » Y est affirmé le postulat de rompre avec les stéréotypes « établis et présentés actuellement par le théâtre mexicain ». Damián García Cervantes, après un diplôme dans la région de Yucatán et l'obtention de divers prix a déjà adapté des auteurs aussi différents que Milán Kundera, Jorge Ibargüengoitia ou Charles Dickens ! Concernant la représentation madrilène, elle s'inscrivit dans le cadre du festival FRINGE13 (du 5 au 27 juillet), dédié aux arts de la scène et à la musique. Fringe Madrid – du terme anglais signifiant « marge » - est l'un des trente événements « alternatifs » de ce nom dans le monde, inspirés d'un festival « off » créé dès 1947 à Edimbourg. Aujourd'hui l'événement originel est universellement connu, accueillant, chaque année, en Ecosse, près de deux millions de personnes.

 

Matadero Madrid, Centro de Creación Contemporánea !

 

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Un aperçu de Matadero Madrid (Photo Stéphane Saubole)


Après une première édition, en 2012, au centre culturel Conde Duque, le Fringe de la capitale espagnole a pris ses quartier au Matadero Madrid, Centro de Creación Contemporánea. Des expressions dans tous les domaines du spectacle vivant y eurent droit de cité ( théâtre, musique, performances, lectures, danse, poésie, vidéos, ateliers, activités destinées aux enfants... ). La spécificité madrilène est d'orchestrer des comparutions dans les espaces les moins conventionnels, comme des couloirs, des soupentes, des sous-sols... Situé au sud du centre-ville – quartier de Legazpi, avec un accès à 50m de la station de métro du même nom – Matadero est l'ancien abattoir et marché aux bestiaux de la capitale, transformé en un exceptionnel espace culturel. Le site s'avère un ensemble industriel à l'architecture remarquable, construit entre 1908 et 1928. Depuis leur réhabilitation, chacun de ses pavillons offre une programmation et des services variés. Un centre d'exposition de 4 000 m2, un grand espace en plein air, des cinémas, des restaurants... agrémentent les lieux. La pièce Lo único que necesita una gran actriz, es un gran texto y las ganas de triunfar fut présentée dans ce contexte du 5 au 13 juillet, puis accueillie dans d'autres salles de la ville ( La Casa de la Portera et Kubik Fabrik ), avant une programmation en août à Malaga, en septembre au Mexique et à Cuba... Pourquoi ne pas l'imaginer, un soir ou l'autre, dans l'une des cités de l'Hexagone ?


Stéphane Saubole

 

 

Le site du festival Fringe Madrid

http://www.fringemadrid.com/ 

The canadian association of Fringe festivals

http://www.fringefestivals.com/ 

Le site de Matadero Madrid, Centro de Creación Contemporánea

http://www.mataderomadrid.org/ 

Le collectif mexicain Vaca 35 Teatro en Grupo

http://www.vaca35teatro.com.mx/ 



Musique - Inédit - Interview de Juan Rozoff (4) - Octobre 2013

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«  J'aime ceux qui se lâchent ! »

 

 

 

S'entretenir d'Art et DES musiques avec leurs plus sincères serviteurs se révèle toujours un bonheur. Avec ardeur, mais sans affectation, Juan Rozoff évoque son activité de « plasticien », sa démarche musicale et ses projets discographiques. Des sujets d'actualité...

 

 

     L'un des titres de l'album Maison Rozoff interprété sur scène 

 

 

Stéphane Saubole. J'ai lu quelque part que tu ne te considérais pas comme un artiste. Quelle drôle d'idée !

 

Juan Rozoff. J'ai peut être dit une connerie ! J'en dis beaucoup ! Car ce n'est pas exactement ce que je pense. Ce que j'ai sûrement voulu exprimer, c'est qu'une certaine connotation du mot « artiste » m'insupporte ! Il y a des langues dans lesquelles ce mot n'existe pas. Dans certaines sociétés, tout le monde peint, tout le monde sculpte sur bois etc... Ce n'est pas une fonction au sein du groupe social. Il existe, par contre, des sociétés comme la nôtre, avec depuis toujours ses trouvères, ses troubadours... ou, en Afrique, les griots. Et puis, aujourd'hui, on associe en France ce mot à tant d'activités ! Cependant, l'Art, au vrai sens du terme, est au centre de ma vie.

 

StS. Tu as écrit des poèmes, réalisé des sculptures. Explores-tu toujours ces autres voies ?

 

JR. J'ai créé à peu près une centaine de lampes, que j'offrais aux anniversaires de potes. J'ai commencé à transformer des lasers que je récupérais dans les bacs chez Barclay – ceux dont ils ne savaient quoi faire - en les pyrogravant à l'envers, pour que la lumière traverse. Puis, j'en ai eu marre d'offrir des CD qui fondaient sur les ampoules, parce que les gens les posaient dessus, ne comprenant pas que cela allait les détruire... J'ai réfléchi à un éclairage moins puissant, juste ce qu'il faut pour que ça ne les brûle pas et qu'on voit tout de même le message gravé. Progressivement, j'en suis arrivé à fabriquer des lampes de bric et de broc. A cette époque, je vivais à Montreuil et j'allais tous les week-ends aux Puces, afin de récupérer des circuits imprimés de télévision, mon matériau de base. J'achetais également des petits jouets, de vieilles montres, des monocles, des loupes...

 

StS. As-tu exposé tes œuvres ?

 

JR. J'ai organisé une exposition-concert, dans un squat de punks, chez des potes. Et c'était super ! Mais je n'en ai pas vendu. Je ne cherche d'ailleurs pas en vendre. Maintenant, je suis passé à un autre style que j'ai développé. Sans vouloir me la raconter, je crois que cela n'a jamais été fait. Ce sont des créations en plâtre, avec des punaises dorées et des clous de tapissier ou de fers à chaussures. Le problème est que cela prend énormément de temps. Donc, j'ai été dans l'obligation de ralentir. Pourtant, j'ai de plus en plus de projets en tête, dont des statues de plus grands formats. Je sais que toutes mes idées ne se matérialiseront pas, car, il me faudrait un atelier, il me faudrait du temps... et une autre vie !

 

 

    Happy Funky Juan Rozoff en live ! 
 

 

StS. Pour en revenir à la musique, à l'origine tu étais un bassiste.

 

JR. On peut dire bassiste. Mais, je ne suis rien... VRAIMENT. Je ne m'estime pas être un vrai batteur, ni un vrai bassiste, ni un vrai guitariste. J'en sais juste assez de ces instruments pour faire mon truc. Je suis un peu un escroc... entre guillemets. Mais, j'escroque d'une manière sincère !

 

StS. Un multi-instrumentiste comme Stevie Wonder ! A ce sujet, j'ai vu une vidéo de l'un de ses solos de batterie...

 

 

    Stevie Wonder, génial en toutes circonstances ! 
 

 

JR. Il n'y a que lui qui joue de cette manière ! Tu écoutes... et tu te dis « C'est génial ! ». Même si, au début, son jeu paraît bizarre et peut surprendre ! Mais il est extraordinaire à tous les niveaux. Un autre très grand m'a également « trépané », avec son chant d'une telle honnêteté, d'une telle générosité... Otis Redding s'exprimait avec tant de sincérité ! C'est ça la Soul, l'âme ! C'est ce que cela veut dire.

 

 

    La ferveur d'Otis Redding et de son équipage staxien  
 

 

StS. Qui te plaît parmi les soulmen états-uniens actuels ? Cody Chesnutt ? Gregory Porter ?

 

JR. Cody Chesnutt, c'est une vraie balle ! Gregory Porter, génial ! Je l'ai découvert lors d'un de nos festivals. Et comme des millions, je kiffe à mort D'Angelo et le style qu'il a lancé. C'est un peu l'école de Prince, mais à sa manière. J'ai adoré certains titres de ce qu'on a appelé le R'n'B moderne, dont certains titres de BLACKstreet...

 

Landing-on-a-HundredCodyChesnutt

Cody ChesnuTT transcende les héritages de la Great Black Music


StS. A mon humble avis, chez les chanteuses, la plus grande est aujourd'hui Jill Scott.

 

JR. Je suis d'accord. Elle allie une grande technique à une énergie puissante. Elle a tout ! Mais mon ultime référence demeure Aretha... et Tina Turner dans un autre registre.

 

 

JillScottalbum

      Un double album de la plus grande soulwoman actuelle 

    « Le point commun entre Camaron de la Isla, Jean-Sébastien Bach et Prince ! »
  

 

JR. Un jour, un de mes potes - un flippé de flamenco et un grand mélomane - me demande : « Quel est le point commun entre Camaron de la Isla, Jean-Sébastien Bach et Prince ? » Sans réfléchir, spontanément, je lui ai répondu : « la double croche » ! La double croche, ce n'est jamais que... (Juan s'exécute à la voix). Si tu ne mets pas d'accents, c'est juste sans intérêt. Par contre si tu fais... (Juan rythme avec sa voix, en accentuant). Les renversements et les accents, les temps forts et les temps faibles de cette fameuse double croche vont donner Le clavier bien tempéré, vont donner Coltrane... Il n'y a pas que la double croche en musique, mais, à mon avis, ce qui fait la folie d'une buleria de Camaron, comme la folie des Variations de Bach... C'est justement cette évocation de la double croche. Et donc, savoir jouer les bonnes double croches, c'est groover ! (Rires)

 

StS. Mais tout le monde n'est pas Thelonious Monk ! (N.D.R.L. : que les chanceux qui détiennent tout ou partie des enregistrements The London Collection, gravés pour le label Black Lion, le 15 novembre 1971, chérissent ces disques, désormais scandaleusement mal diffusés)

    
Un "absolu" de la musique du XXe siècle...

JR. Ou Mingus ! C'est sûr ! Moi, je suis plutôt Mingus. Il me fascine totalement, même si Monk est tout aussi fascinant ! Mais tous les jazzmen de cette époque « font très peur ». Il y a un tel « jouage » ! Les mecs jouent avec une telle aisance ! Je me dis toujours : « Mais qui étaient-ils ? »

 

StS. Des types comme Coleman Hawkins, Gerry Mulligan, avec ce « gros son »... Et quand tu écoutes Ella Fitzgerald ou Art Tatum ! C'est invraisemblable ! (N.D.R.L. : Arthur Jr Tatum, né à Toledo en 1909 et décédé à Los Angeles en 1956, a suscité l'admiration, la stupéfaction, voire la vénération de tous ceux qui l'on entendu, dont Jean Cocteau, Fats Waller, Dizzy Gillespie, Count Basie, Oscar Peterson, Herbie Hancock, André Previn, Sergueï Rachmaninov, Arthur Rubinstein, Arturo Toscanini ou Vladimir Horowitz !)

 

 

 

       How High The Moon, une interprétation live et un final... 

 

 

 Tiger Rag, enregistré par Art Tatum en 1933. Invraisemblable !
 

 

 

JR. Tous sont invraisemblables ! D'où sortent-ils ? Une telle culture, une telle prodigalité musicale, une telle force ! Et pour cela, c'est génial la musique ! Même si, à compter de ce jour, plus une note n'était enregistrée, nous n'aurions pas assez d'une vie pour savourer ce qui existe.

 

 

Over the Rainbow, enregistré par Art Tatum en 1953. Invraisemblable !
    
  

StS. Il n'y a pas de société sans musique !

 

JR. La musique, c'est la vie. J'ai joué avec l'accordéoniste Roberto de Brasov, qui est un Rom de Roumanie. C'est un incroyable virtuose ! Il m'a raconté que, lorsque qu'il était membre d'un orchestre roumain de musique classique, si un musicien improvisait, il allait en prison ! Je lui ai demandé : « Mais c'est sérieux Roberto ? » « Oui, oui, je t'assure ! » Donc, il y avait des fous qui envoyaient des musiciens en prison lorsqu'ils « sortaient de la partoche ». Mais, une digression, c'est le propre de la musique ! Car même chez Bach ou chez Mozart, il y a des passages où l'interprète « improvise » sur le thème.

 

 

    Danse din boul, interprété par Roberto de Brasov 
 

 

StS. Gould ne jouait pas comme un autre. Il a d'ailleurs été assez critiqué pour cela.

 

JR. Il a été critiqué pour cela ! De fait, l'improvisation fait partie du truc ! Or, certains essayent de brider la musique. Ce qui veut dire l'annihiler. Donc, Roberto se lâche désormais sur ma musique, sur la sienne, sur toutes... Ces années de censure lui ont finalement donné un goût immodéré pour la liberté artistique.

 

 

          Roberto de Brasov se lâche complétement sur scène ! 
  

 

 

« Internet, pour le meilleur et pour le pire »

 

StS. Alors qu'il y a une dizaine d'années le multimédia ne t'intéressait pas véritablement, tu as désormais investi la toile, avec un site, ainsi qu'une présence sur You tube ou sur Facebook. Juges-tu internet comme une évolution positive, comme une chance, comme une contrainte, comme un piège de diffusion gratuite ?

 

JR. Tu viens de résumer ma pensée sur le sujet. Internet s'avère tout cela à la fois. C'est un piège artistique et surtout financier pour les artistes, quels qu'ils soient. Car, en termes de rémunération, c'est « nada ». Les gens s'imaginent souvent que, depuis qu'il y a le piratage, nous gagnons plus avec les concerts. Mais non ! On ne prend pas plus cher ! Cependant, je ne peux pas être totalement opposé au piratage. Car quand j'étais très jeune, je n'avais pas les sous pour m'acheter des disques et je copiais ceux de mes potes sur des cassettes. C'est un peu le même principe pour les « petits » maintenant. Sauf que cette culture du « tout, tout de suite et gratos » est très dangereuse pour l'Art ! De nos jours, les mômes ne savent plus rester en place plus de deux minutes, même pour profiter de ce qu'ils adorent. Cela me paraît un vrai problème. C'est une consommation « kleenexienne » de la musique.

 

StS. N'est-ce pas négatif que la télé-réalité laisse entendre que l'on puisse être chanteur ou musicien en deux mois ?

 

JR. Le paradoxe est que c'est vrai ! On peut être chanteur en deux mois. Si tu as le feeling ! Rien ne t'empêche ! C'est ce que je trouve génial avec internet. L'émergence d'inconnus qui, du jour au lendemain, accèdent à la célébrité parce qu'ils ont diffusé un bon titre me paraît un phénomène positif. C'est une liberté extraordinaire... même si c'est à double tranchant. Je vois un espoir en internet pour les gens qui souhaitent se cultiver à peu de frais ou apprendre. Tu as accès à tout. Si tu veux connaître le chant grégorien du XIVe siècle au XIV siècle et demie...

 

StS. A titre personnel, c'est actuellement Ali Farka Touré ! Je découvre progressivement cet artiste sur You tube.

 

 

ali-farka-toure-savane-2006

L'ultime témoignage discographique de l'immense Ali Farka Touré

  

JR. Tu écris Ali Farka Touré sur un moteur de recherche et tu as accès à presque tous ses enregistrements ! Pour cela, je trouve cela grand. Mais les réseaux sociaux comme Facebook se révèlent aussi des pièges, car leur fonctionnement me fait penser à un miroir.

 

StS. Tout le monde devient sa propre star...

 

JR. Il y a de cela. Mais surtout, je constate un effet miroir, avec des comportements du type : « Vite, je vais voir si les gens ont liké mon comment ou mon post ! » Je me suis moi-même pris au jeu, avant de réagir : « Mais qu'est-ce qui t'arrive mec ? Qu'est-ce que tu en as à faire que les gens aiment ou pas ! »

 

StS. Cela encourage une forme de narcissisme.

 

JR. C'est du narcissisme pur et dur. Bien souvent, plus les personnes pratiquent, plus elles sont seules et moins elles communiquent, au véritable sens du terme. Car les gens ne se rencontrent pas. Par ailleurs, j'ai un peu peur qu'internet soit récupéré. Donc, comme toujours avec l'être humain, les aspects bienfaisants et néfastes se mêlent.

 

« J'ai commencé à enregistrer un album »

 

StS. Demeures-tu attaché au format du CD, et réfléchis-tu à de nouveaux projets de cette nature ?

 

JR. Oui, et j'ai déjà commencé à enregistrer ! Concernant le format, quel que soit le support, cela reste des chansons : la 1, la 2, la 3, la 4... jusqu'à ce qu'il n'y ait plus de place ! Avant, c'était le vinyle, la cassette, puis le CD et maintenant Itunes ou autres. Mais on s'en fiche. L'important, c'est le contenu. Je continue à produire, à enregistrer, à arranger, à imaginer ma musique. J'ai un projet d'album, qui ne va pas mettre mille ans à sortir. Parce que j'en ai assez de mettre mille ans à sortir un disque. C'est tellement ridicule.

 

StS. Toujours dans une direction funky ?

 

JR. Pour le coup, je me suis vraiment pris pour un auteur. (Rires). C'est bien plus écrit. Je suis tombé amoureux de la langue française, en la découvrant, en la pratiquant, avec des clés très personnelles. Les paroles ont donc plus d'importance que pour tout ce que j'ai enregistré jusqu'à présent. Mais j'ai tout de même composé des titres résolument funky, parce que je crains, qu'en concert, le public s'ennuie avec mes chansons. Ou pas !

 

StS. Comment est né ton groove ? Pourquoi cela a toujours continué et pourquoi cela continuera ? Ce groove et cette énergie sur scène...

 

JR. C'est gentil. Tant mieux si c'est vrai. Je dirais que j'ai toujours eu le groove, sauf les fois où je ne l'avais pas ! C'est comme l'inspiration. Le groove veut dire sillon. Parfois, je ne suis pas dans le sillon ! Je suis un peu à côté... et c'est déjà à des kilomètres ! Par contre, quand j'y suis, cela me fait un tel effet que c'est vraiment là où je voudrais rester toute ma vie.

 

StS. Sans verser dans la psychologie de comptoir, Juan Rozoff est-il trop intransigeant ?

 

JR. Oui, légèrement intransigeant... (Rires)

 

StS. Ce positionnement ne s'avère pas, parfois, un handicap ?

 

JR. Oui, parce qu'on passe vite de perfectionniste à maniaque. Je me suis aperçu que c'était une erreur et que je me pénalisais avec ce comportement.

 

StS. C'est plutôt une qualité que d'être intransigeant. Des créateurs comme Miles Davis ne transigeaient avec rien.

 

JR. Mais avant d'être des personnes intransigeantes, ce sont des génies musicaux ! Ce que, sans fausse humilité, je ne suis pas. Moi, je suis un bricoleur. Peut être que, dans ma bricole, il y a un peu de génie... de temps en temps... quand je me débrouille bien. Mais je ne suis pas un génie de la musique ni un virtuose. Nous parlons là d'artistes qui ont étudié la musique, au vrai sens du terme. Après, je connais moult musiciens qui savent parfaitement lire et écrire, mais qui ne sont pas des grooveurs pour autant.

 

« Catherine Ringer est immense ! »

 

StS. Bridera-t-on un jour Juan Rozoff ?

 

JR. Non ! A chaque fois, je suis le seul à me brider. Et, à chaque fois, je le regrette. D'ailleurs, ceux qui me plaisent se lâchent complètement. Même si ce n'est pas ma came, j'adore Philippe Katerine. Il propose quelque chose de complètement décalé, de rigolo... Tu ne sais pas si c'est du lard ou du cochon. Et j'aime ça ! Parce que c'est entier. Pour cela également, j'ai toujours été un grand fan des Rita.

 

StS. J'ai eu la chance d'assister, ces dernières années, à des concerts de Catherine Ringer. Elle est géniale et je pense même que c'est une chanteuse sous-estimée !


 

catherine-ringer-ring-n-roll

           Une offrande de Catherine Ringer ! Ring n' Roll, paru en 2011
  
  

JR. Oui, c'est génial ! Elle est grande, elle est IMMENSE, Catherine Ringer ! C'est l'une des plus grandes interprètes françaises de tous les temps. C'est aussi simple que cela. J'ai une admiration sans bornes pour Catherine Ringer ! Et pour les Rita également.

 

StS. Et quand on parle de funk français, on les oublie ! Andy, c'est super funk ! Et Fred Chichin, il jouait funk !

 

 

RitaMitsukoThenocomprendo

           Inscrit dans notre patrimoine culturel... 

  

JR. Mais grave ! Andy, c'est une balle ! D'ailleurs, quand j'ai groové avec eux, j'ai pu constater à quel point ! Fred Chichin était un fan de la première heure de Prince. Et les Rita sont grandioses !

 

 

Propos recueillis par Stéphane Saubole

 

 

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